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Citations par mot clé :juif



Jean Améry (1912 - 1978)    Par-delà le crime et le châtiment
(1) - La solidarité face à la menace est tout ce qui me rattache à mes contemporains juifs, qu'ils soient croyants ou incroyants, en faveur d'une nation ou en faveur de l'assimilation.... (p.205)

(2) - Sans le sentiment d'appartenance à la communauté des menacés, je ne serais plus qu'un homme qui laisse tomber les bras et fuit la réalité. (p.206)

Pierre Assouline (1953 - ....)    Le fleuve Combelle
(3) - S'il avait retenu d'Arthur Koestler autre chose que le sentiment océanique, il aurait su que les Juifs sont comme tout le monde, seulement un peu plus. (p.149)

Marie Bashkirtseff (1858 - 1884)    Journal (1873-1877)
(4) - Le juif en Russie, est un être qui tient le milieu entre le chien et le singe. Les juifs savent tout faire et servent à tout. On leur emprunte de l'argent, on les bat, on les grise, on leur confie des affaires, on s'en amuse. (p.303)

Marc Bloch (06/08/1886-16/06/1944)    L'étrange défaite
(5) - Je suis juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nul autre, du moins pas la naissance. Je n'en tire ni orgueil ni honte,[...].
Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d'un antisémite. (p.31)

(6) - (Voici une partie du testament de Marc Bloch écrit le 18 mars 1941)

«J'affirme, donc, s'il le faut, face à la mort, que je suis né Juif; que je n'ai jamais songé à m'en défendre ni trouvé aucun motif d'être tenté de le faire. Dans un monde assailli par la plus atroce barbarie, la généreuse tradition des prophètes hébreux, que le christianisme, en ce qu'il a de plus pur, reprit pour l'élargir, ne demeure-t-elle pas une de nos meilleures raisons de vivre, de croire et de lutter ?

    Etranger à tout formalisme confessionnel comme à toute solidarité prétendument raciale, je me suis senti, durant ma vie entière, avant tout et très simplement Français. Attaché à ma patrie par une tradition familiale déjà longue, nourri de son héritage spirituel et de son histoire, incapable, en vérité, d'en concevoir une autre où je puisse respirer à l'aise, je l'ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. Je n'ai jamais éprouvé que ma qualité de juif mît à ces sentiments le moindre obstacle. Au cour de deux guerres, il ne m'a pas été donné de mourir pour la France. Du moins, puis je, en toute sincérité, mer rendre ce témoignage : je meurs, comme j'ai vécu, en bon Français»

(Marc Block a été résistant pendant la guerre. Arrêté le 8 mars 1944, Le 16 juin 1944 il a été fusillé au bord d'une route)

Catherine Clément (1939 -)    Cherche Midi
(7) - A Dakar, l'année du centenaire de l'abolition de l'esclavage, je tins un séminaire sur le Code noir, édicté sous Louis XIV pour réglementer le statut des esclaves nègres aux Antilles. J'en fis lire le premier article par mon ami Bachir, disciple d'Althusser et soufi noir ébène. L'article I du Code noir spécifie qu'il faut d'abord, toutes affaires cessantes, que soit chassés tous les juifs du royaume. Pour édicter sur les esclaves, jetons les ordures pour commencer.... (p.111)


André Chouraqui (1917- )    L'amour fort comme la mort (une autobiographie)
(8) - Plongé dans notre univers de pleine signification, nous étions si bien mariés aux réalités dont nous étions les porteurs que nous nous rendions à peine compte du scandale que nous incarnions aux regards de nos voisins d'Aïne-Témouchent, chrétiens et musulmans. (p.70)

Jean-François Derec (1957 -....)    Le jour où j'ai appris que j'étais juif
(9) - Et mes parents ? Savaient-ils qu'ils avaient mis au monde un enfant juif ? Est-ce que je devais les mettre au courant ? Non. Déjà gaucher, pour ma mère, c'était lourd. Alors juif en plus... Comment réagirait-elle, elle qui ne rêvait que d'une seule chose : être comme tout le monde, plus française que les Français ? (p.20)

Albert Einstein (1879-1955) [ prix nobel de physique 1921 ]    Origines diverses
(10) - Dans un discours à la Sorbonne dans les années 30 :
- Si ma théorie de la relativité se vérifie, l'Allemagne proclamera que je suis un Allemand et les Français diront que je suis un citoyen du Monde. Mais si ma théorie se révèle fausse, la France soulignera que je suis un Allemand et l'Allemagne dira que je suis un Juif.

Raymond Aron(1905-1983)   
(11) - «Citoyen français, je revendique le droit accordé à tous les citoyens de joindre allégeance à l'Etat national et liberté de croyance et de sympathie.»

(12) - «Je n'ai jamais été sioniste, d'abord et avant tout parce que je ne m'éprouve pas juif... Mais je sens plus clairement qu'hier que l'éventualité même de la destruction d'Israël me blesse jusqu'au fond de l'âme. En ce sens, j'ai confessé qu'un juif n'atteindrait jamais à la parfaite objectivité quand il s'agit d'Israël.»

Marc Bloch (1886-1944)   
(13) - «J'affirme, donc, s'il le faut, face à la mort, que je suis né juif; que je n'ai jamais songé à m'en défendre ni trouvé aucun motif d'être tenté de le faire. [...] Etranger à tout formalisme confessionnel comme à toute solidarité prétendument raciale, je me suis senti, durant ma vie entière, avant tout et très simplement français. Attaché à ma patrie par une tradition familiale déjà longue, nourri de son héritage spirituel et de son histoire, incapable, en vérité, d'en concevoir une autre où je puisse respirer à l'aise, je l'ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. Je n'ai jamais éprouvé que ma qualité de juif mît à ces sentiments le moindre obstacle.»

Henri Hajdenberg ( - )   
(14) - «Etre juif, c'est d'abord la religion. Ensuite, il y a la mémoire: être juif, c'est partager une conscience collective fondée sur l'Histoire. Enfin, il y a Israël: être juif, c'est aussi se sentir solidaire d'Israël.»

Claudine Vegh ( - )    Je ne lui ai pas dit au revoir
(15) - Etre juif, c'est très difficile; le rester envers et contre tout apparaît parfois aberrant, quand on n'est, comme moi, ni pratiquante ni même croyante. Mais le refuser, ce serait quelque part invivable,... ... Ayant échappé aux persécutions nazies, j'ai gardé le sentiment que la vie m'avait été « accordée » une deuxième fois. (p.20)

(16) - Ma femme est juive, je ne crois pas que j'aurais pu me sentir bien avec quelqu'un de non juif. (p.64 - témoignage de Paul)

Alain Finkielkraut (1949-....)    Le juif imaginaire
(17) - L'extermination a été un succès qui ne se mesure pas seulement en nombre de morts, mais à la pauvreté actuelle de notre judaïsme. (50)

Henri Hajdenberg ( - )   
(18) - «Etre juif, c'est d'abord la religion. Ensuite, il y a la mémoire: être juif, c'est partager une conscience collective fondée sur l'Histoire. Enfin, il y a Israël: être juif, c'est aussi se sentir solidaire d'Israël.»

Humour et sagesse autour des juifs    (Sources diverses)
(19) - - Pourquoi vous les juifs répondez-vous toujours par une question ?
- Et pourquoi pas ?

(20) - Face à tout évènement qui peut se produire, les juifs se posent la question:« Est-ce bon pour nous ?»

(21) - Un juif capable d'empêcher un autre juif de raconter une blague est un héros.

(22) - L'horloge
Un homme qui se promène dans le quartier juif d'une ville, aperçoit une vitrine pleine de réveils, d'horloges et de montres. Ayant besoin de faire réparer sa montre il entre dans la boutique.
- Désoler, mais je ne suis pas horloger, je suis mohel [= circoncisseur].
_ Alors pourquoi toutes ces montres ?
- Et bien, qu'est-ce que vous voulez que j'y mette ?

(23) - La lumière
Un rabbin demande à ses étudiants:
- Comment sait-on que la nuit s'est achevée et que le jour se lève ? [ commentaire : important pour savoir si l'heure de la prière matinale est arrivée]
... après diverses réponses «technique» des élèves, le rabbin donne sa réponse :
- Quand nous regardons un visage inconnu, un étranger, et que nous voyons qu'il est notre frère, à ce moment là le jour s'est levé.

(24) - L'étude
- Un jour quelqu'un demande à un érudit : «Pourquoi étudiez-vous si lentement, mais priez si vite ?»
- C'est parce que répondit le sage, lorsque je prie je parle à Dieu, mais quand j'étudie, c'est Dieu qui me parle. (dans:Les joies du Yiddish de Leon Rosten)

(25) - Comment les juifs ont appris l'art de l'interprétation
- Deux juifs se rencontrent sur le quai d'une gare:
- Où vas-tu ?
- Je vais à Cracovie.
- Tu me dis que tu vas à Cracovie, pour que je crois que tu vas à Lodz, alors que je sais que tu vas à Cracovie. Alors : Pourquoi mens-tu ? (Un des tout grand classique des histoires juives!!!)

(26) - Psychiatre
- Mr Samuel Goldwin à propos de psychiatrie : Quiconque va chez un psychiatre devrait se faire examiner la tête.

(27) - Psychiatre
- Un psychiatre, c'est un médecin juif qui hait la vue du sang.

(28) - Les plaideurs
Deux plaideurs devant le rabbi. Chacun défend son point de vue.
Après que le premier ait parlé, le rabbi lui dit «Tu as raison».
Après que le deuxième se soit exprimé, le rabbi lui dit aussi :«"Tu as raison».
Un des élèves du Rabbi :«Rabbi, il n'est pas possible que les deux aient raison ».
Alors le rabbi, après un moment de réflexion :« C'est vrai, toi aussi tu as raison ».

(29) - S'épancher
Dans un jardin deux vieux se rencontrent:
- Comment ça va ?
- L'autre hausse les épaules et enchaîne : et toi ?
- Bof !
Là dessus ils de quittent :
- Bon salut, ça fait vraiment du bien de pouvoir parler !

(30) - De mal en pis
Le rabbin surprend un jour sa femme au lit avec un goy.
- Ce n'est vraiment pas bien ce que tu fais là. Si tu continues comme cela bientôt tu finiras pas fumer Chabbat.

(31) - L'identité
On demande à un nouvel immigrant marocain s'il est heureux de vivre en Israël:
- Mais certainement: je suis même tres heureux. J'ai enfin trouvé ma véritable identité. Au Maroc on me traitait de Juif. Ici, on me traite de Marocain.

(32) - Les éléphants
Il faut qu'ils fassent une dissertation sur les éléphants. Chacun réagit selon son génie propre :
- Le Français : « La vie amoureuse des éléphants ».
- L'Américain : « Les éléphants et la richesse des nations ».
- L'Allemand : « La philosophie des éléphants ».
- Le juif : « Les éléphants et la question juive ».

(33) - Coiffeur
- Il faudrait tuer tous les juifs et tous les coiffeurs.
- Pourquoi les coiffeurs ?

(34) - Le divorce
Un couple de vieux Juifs âgés de quatre-vingt-dix ans, va trouver le rabbin pour obtenir le divorce. Le rabbin leur demande depuis combien de temps ils se sont rendus compte qu'ils ne s'accordent pas. Soixante-cinq ans, répondent-ils. Alors pourquoi, s'étonne le rabbin, avoir mis si longtemps à venir ? Nous avons attendu que les enfants soient morts, expliquent-ils.

(35) - Loin
Au sortir de la guerre. L'employé demande au candidat à l’émigration :
- Dans quel pays voulez vous vous rendre ?
- En Australie.
- L'Australie ? C'est loin !
- Loin d'où ?

(36) - C'est quoi le Talmud ?
(Pour illustrer l'idée que le raisonnement talmudique est, en dernière analyse, un exercice de bon sens:)
Un goy insistait auprès d'un talmudiste pour que celui-ci lui expliquât ce qu'est le Talmud. Le sage finit par y consentir et il pose au curieux la question suivante:
« Deux hommes descendent par une cheminée. Lorsqu'ils en sortent, l'un à le visage recouvert de suie; l'autre est immaculé. Lequel des deux ira se laver ?
- Celui qui est sale, répond le goï.
- Non, car celui qui est sale voit le visage propre de l'autre, et croit que le sien l'est aussi. Celui qui est propre aperçoit un visage sale, et il croit que le sien l'est aussi...,
- J'ai compris, s'exclame le goy. Je commence à comprendre ce qu'est le Talmud...
- Non, tu n'as rien compris de tout, coupe le rabbin, Car comment veux-tu que de deux hommes descendus par la même cheminée, l'un soit propre, et l'autre sale ? »

(37) - La solution
Un étudiant se rend auprès d'un vieux rabbin et lui dit:
- J'ai bien réfléchit et j'ai pris une décision. J’ai décidé de mourir.
- Ce n'est pas une solution, lui dit le rabbin.
Le jeune homme s'en va en revient une semaine plus tard en disant:
- Tu avais raison. J’ai bien réfléchis et j'ai décidé de vivre.
- Ce n'est pas une solution, lui dit le rabbin.
- Mais tu m'as dit que mourir n'était pas une solution ! Maintenant tu me dis que vivre n'est pas une solution. Alors quelle est la solution ?
- Parce que tu crois qu'il y a une solution ? Lui dit le rabbin.

(38) - Avoir de l’argent (Hassidique)
- Un miroir c'est comme une vitre. Quand elle est propre tu peux regarder à travers et voir les gens au dehors. Mais quand cette vitre est recouverte d'argent et que tu la regardes, tu ne vois plus que toi même.

(39) - Quelques sources
- Marc-Alain Ouaknin et Dory Rotnemer: La bible de l'humour juif (Ramsay)
- Marc Hillel: L'erreur de Dieu. (Perrin)
- Leo Rosten: Les joies du Yiddish (Calman-Lévy)
- Jean-Claude Carrière: Le cercle des menteurs (Contes philosophiques du monde entier)(Plon)
- Moussa Nabati: L'humour-Thérapie. (Editions Bernot-Danilo)
- Bella Laurence: Sail'houle. Sagesse yiddish dans la tradition juive. (Pierre Bordas & Fils)


Erica Jong (1942-....)    La peur de l'âge
(40) - Dans ma famille, plus on vieillit plus on devient juif. (p.119)

Erica Jong (1942-....)    De mémoire de filles
(41) - Si nous les juifs, avons survécu alors que tout était contre nous, nous le devons à notre respect de la mémoire. (p.197)

Imre Kertész (1929 - 2016) [ Prix Nobel de littérature 2002 ]    Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra jamais
(42) - ...comment peut-on obliger un être vivant à être juif, [... ] car je ne pourrais rien lui - te - donner, ni explication, ni foi, ni arme à feu, puisque ma judéité ne signifie rien pour moi ; rien en tant que judéité, mais tout en tant qu'expérience; [...] (p.116)

Imre Kertész (1929 - 2016) [ Prix Nobel de littérature 2002 ]    Journal de galère
(43) - Pourquoi déteste-t-on encore plus les juifs depuis Auschwitz ? A cause d'Auschwitz. (p.231)

Imre Kertész (1929 - 2016) [ Prix Nobel de littérature 2002 ]    L'Ultime Auberge
(44) - La possibilité d'une nouvelle destruction massive des juifs ne peut être exclue. (p.83)

Arthur Koestler (1905-1983)    La Tour d'Ezra
(45) - ...car les Juifs ne sont pas un accident biologique, mais les représentants de la condition humaine portée à l'extrême, un portion de l'espèce écorchée vive....

...Ils formaient la cible naturelle de tous les mécontents parce qu'ils étaient si exaspérément, si anormalement humains... (p.409)

Catherine Laborde (1951-20..) & Thomas Stern (19.. - 20..)    Amour Malade
(46) - Lui : J'ai un petit côté morbide j'en conviens, sans m'en vanter. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je l'ai longtemps attribué à mes origines juives. Mais est-ce nécessaire ? Peut-être suis-je simplement lucide, normalement conscient d'être mortel, comme tout le monde l'était jusqu'à cette époque imbécile qui veut se persuader que la mort est off record. Mais moi, aussi loin que je remonte, j'ai toujours su clairement que j'allais mourir, et rien n'est jamais parvenu à m'éloigner de cette certitude. (p.129)

Primo Levi (1917-1987)    L'asymétrie et la vie
(47) - Pour moi, être juif signifiait quelque chose d'imprécis, et non un problème à proprement parler : avoir une conscience paisible de l'histoire très ancienne de mon peuple, manifester une sorte d'incrédulité bienveillance face à la religion, un penchant prononcé pour le monde des livres et des discussions abstraites. Pour le reste, je ne me sentais pas différent de mes amis et de mes camarades chrétiens, et j'étais à l'aise en leur compagnie. (p.37)

Albert Memmi (1920-2020)    Portrait d'un juif (1962)
(48) - Que cela me flatte ou m'humilie, mon sort est lié à celui de tous les autres juifs. (p.136)

(49) - La condition juive, je le veux bien, est un raccourci, plus condensé, plus sombre, de la condition humaine. (p.244)

Albert Memmi (1920-2020)    Juifs et arabes (1974)
(50) - Etre juif, ce n'est pas seulement en avoir conscience, c'est subir une Condition objective. (p.30)

(51) - Etre juif, c'est subir le destin objectif d'un même groupe d'hommes. (40)

(52) - La réalité juive est substantiellement liée à Israël, mythes et réalités. (p.44)

(53) - Ce qui est essentiel et indiscutable est ceci: dorénavant, l'Etat d'Israël fait partie du destin de tout juif dans le monde, qui continue à se reconnaître comme Juif. Quelles que soient les hésitations, ou même les condamnations, que peut soulever telle de ses actions, son existence ne saurait être mise en question par aucun Juif dans le monde, sans qu'il se nuise gravement à lui-même. (p.45)

Albert Memmi (1920-2020)    Le Nomade immobile (2000)
(54) - D'une manière plus générale, je suis préoccupé par le destin des juifs dans le monde. Non seulement par solidarité, mais aussi parce que je pense que cette commune condition retentit sur ma vie. (p.104)

(55) - Les juifs ont porté à l'extrême ce retournement : ils ont fait de leur malheur historique une élection métaphysique. (p.106)

(56) - L'histoire nous a toujours rattrapés. A Paris même, au moment où j'écris ces lignes, on recommence à se plaindre d'un trop plein de juifs à la télévision, à la radio, au barreau, dans le corps médical, comme s'il fallait un quota de juifs à ne pas dépasser, comme si les juifs n'étaient pas des citoyens comme les autres. Le rappel des camps nazis commence à agacer comme une incongruité: comme si cette aberration de l'humanité ne concernait qu'eux. (p.120/121)

(57) - Qu'est ce qu'être juif? ... il me semble surtout que c'est une condition; c'est-à-dire un ensemble de relations avec les autres et avec soi-même. Etre juif (comme du reste être français, ou arabe, ou femme) n'est pas un choix, c'est une contrainte plus au moins acceptée, mais qui s'impose à nous... (p.122)

(58) - Quoi qu'il en soit, j'ai soutenu qu'être juif, ce n'est pas seulement être considéré comme tel, mais être traité d'une certaine manière, subir un certain destin. (p.122)

(59) - Lorsque des juifs iraniens sont menacés de mort, je sens en moi le frisson de la mort. (p.122)

(60) - Cette condition objective, on peut la revendiquer ou la refuser: on ne peut ni la nier, ni si soustraire totalement. (p.123)

(61) - Il s'ensuit qu'être juif n'est pas seulement un fait objectif; c'est une manière d'expérimenter le monde. (p.123)

(62) - J'ai tendance à penser que la condition juive est généralement vécue comme une blessure jamais complètement cicatrisée. (p.123)

(63) - Ce qui nous est arrivé, à nous, juifs, est pire: on a voulu sciemment nous tuer. Tous. (p.124)

(64) - Etre juif, c'est encore une manière de se conduire pour surmonter les handicaps du minoritaire et de l'accusé, pour affronter la suspicion dans laquelle on vit, pour contrer la menace permanente. La solidarité des juifs - on la leur reproche mais c'est un fait - est une réponde à cette commune condition. (p.125)

(65) - Je me sens mieux parmi les juifs, parce que j'ai le sentiments, à tord ou a raison, d'y être moins en danger. (p.125)

Albert Memmi (1920-2020)    La statue de sel (1966)
(66) - [...il faudrait lire tout le paragraphe]...Hors de lui, le miliaire en vint enfin à l'argument décisif : pour la première fois, je rencontrai l'explication d'une faute ou d'une tare par le judaïsme de son auteur. Le sergent hurlant, nous releva pourquoi Mimouni avait eu cette idée ignomineuse : Mimouni était juif et les juifs ont un penchant irréssistible au commerce. Ce fut la première expérience d'une définitive habitude : j'appris à associer juiverie et mercantilisme et j'en voulu aux juifs qui osaient négocier. (p.62)

Mendel Mann (1916-1975)    La chute de Berlin
(67) - - Les Allemands ne vous ont pas seulement massacrés, il ont aussi détruit l'équilibre psychologique de chacun des survivants juifs. Vivre avec vous deviendra une chose impossible pour qui n'est pas juif. (p.106)

Friedrich Nietzsche (1844-1900)    Le gai savoir (1882)
(68) - Les juifs, par contre, influencés par le genre d'affaire et le passé de leur nation, s'attendent à tout sauf à être crus: examiner à cet égard leurs savants; ils font tous grand cas de la logique, c'est-à-dire de l'art de forcer l'approbation par des raisons; ils savent qu'ils vaincront fatalement avec elle, même quand ils se heurteront à des répugnances ethniques ou sociales et quand on ne voudra les croire qu'à contrecoeur. Rien n'est en effet plus démocratique que la logique : elle n'a pas égard aux personnes et met les nez crochus dans le même sac que les droits. (L'Europe, soit dit en passant, ne doit pas aux Juifs mince reconnaissance en ce qui concerne la logique et l'habitude de la propreté intellectuelle; surtout les Allemands, déraisonnable race, auxquels il faut toujours commencer par « laver la tête ». Partout où les Juifs ont acquis de l'influence ils ont enseigné à distinguer plus finement, à conclure plus rigoureusement, à écrire plus clairement et plus proprement: ils ont toujours eu pour tâche de mettre les peuples « à la raison ».) (p.298)

Amos Oz (1939 -....)    Les deux morts de ma grand-mère
(69) - Il suffit de passer deux minutes dans n'importe quelle rue d'ici pour découvrir qu'il n'existe pas de race juive. Les juifs ne sont pas un groupe ethnique, et la seule force qui les unit se trouve dans leur tête. Qu'y a-t-il de commun entre un intellectuel juif allemand venu ici dans les années trente et un villageois juif ethiopien ? Certainement pas une préférence pour Bach, Goethe, ou la décoration intérieure. Mais tous deux ont lu et étudié certains livres, et ils ont été persécutés parce qu'ils étaient juifs. (p.131)

Marcel Proust (1871-1922)    À la recherche du temps perdu. À l'ombre des jeunes filles en fleurs
(70) - On dira peut-être que cela tenait à ce que la simplicité de Swann élégant n'avait été chez lui qu'une forme plus raffinée de la vanité et que, comme certains israélites, l'ancien ami de mes parents avait pu présenter tour à tour les états successifs par où avaient passé ceux de sa race, depuis le snobisme le plus naïf et la plus grossière goujaterie jusqu'à la plus fine politesse. (p.12)

Marcel Proust (1871-1922)    À la recherche du temps perdu. Le côté de Guermantes (2/2))
(71) - Ils déplaisaient - les Juifs principalement, les Juifs non assimilés bien entendu, il ne saurait être question des autres - aux personnes qui ne peuvent souffrir un aspect étrange, loufoque. (p.33/34)

Marcel Reich-Ranicki (1920- )    Ma vie
(72) - Je suis à demi polonais, à demi allemand, et complètement juif. (p.11)

Jules Renard (1864-1910)    Journal (1887-1910)
(73) - Parce qu'ils ne sont pas Juifs, ils se croient beaux, intelligents et honnêtes. (1898 p.372)

(74) - C'est chez le Juif, que nos défauts nous apparaissent le mieux. (1901 p.513)

(75) - - Vous aimez les Juifs ? dit-elle.
- Je tâche d'aimer tous les hommes quand ils sont bons et intelligents. (1904 p.698)

Jean-Paul Sartre (1905-1980)    Réflexions sur la question juive (1946)
(76) - C'est donc l'idée qu'on se fait du Juif qui semble déterminer l'histoire, non la « donnée historique » qui fait naître l'idée. (p.18)

(77) - Faute de déterminer le Juif par sa race, le définirons-nous par sa religion ou par une communauté nationale strictement israélite ? (p.78)

(78) - Les Juifs qui nous entourent n'ont plus avec leur religion qu'un rapport de cérémonie et de politesse. Je demandais à l'un d'eux pourquoi il avait fait circoncire son fils. Il me répondit: « Parce que ça faisait plaisir à ma mère et puis c'est plus propre. » (p.79)

(79) - Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif: voilà la vérité simple d'ou il faut partir. (p.84)
[YF:voir l'anecdote du maire de Vienne au début du 20me siècle [Karl Lueger ?] qui malgré ses thèses publique antisémites avait des amis juifs. Lorsque l’on le lui faisait remarquer, il répondait : « Wer Jude ist bestimme Ich. »(Je décide qui est juif)

(80) - Ainsi, le Juif est en situation de juif parce qu'il vit au sein d'une collectivité qui le tient pour Juif. (p.88)
[YF: Voir Georges Friedmann: « Fin du peuple juif ? » (1965)]

(81) - Vigoureusement attaqué, faiblement défendu, le Juif se sent en danger dans une société dont l'antisémitisme est la tentation perpétuelle [YF:je souligne] (p.89)

(82) - c'est parce qu'on ne l'accueille jamais comme un homme, mais toujours et partout comme le Juif, que le Juif est inassimilable. (p.121)

(83) - Quand les Juifs sont entre eux, en effet, chacun d'eux n'est, pour les autres et, par suite, pour lui-même, rien de plus qu'un homme. (p.123)

(84) - Le Juif qui rencontre un autre juif dans le salon d'un chrétien est un peu comme un Français qui rencontrerait un compatriote à l'étranger. (p.124)

(85) - Il n'y a pas une manière juive de faire des mathématiques;... (p.135)

(86) - Il y a donc chez le Juif une inclination marquée à croire que les pires difficultés se laissent résoudre par la raison;... (p.152)

(87) - la situation du juif est telle que tout ce qu'il fait se retourne contre lui. (p.171)

(88) - ...c'est une communauté quasi historique . Ce qui fait le Juif, c'est sa situation concrète; ce qui l'unit aux autres Juifs, c'est l'identité de situation. (p.176)

Eric-Emmanuel Schmitt (1960-....)    L'enfant de Noé
(89) - [Le fait d'être juif pendant la guerre:]... Et toi, cela tombe bien que tu ne le sois pas, Rudy. Mais tu devrais quand même éviter de parler yiddish et de dire schlemazel   à la place de malchanceux. (p.63)

Jorge Semprun (1923-2011)    L'écriture ou la vie
(90) -     Était-ce parce qu'ils avaient un quart - providentiel - de sang juif de Czernowitz dans leurs veines ? Suffisamment de sang juifs pour être curieux du monde, de ses misères et de ses grandeurs dans le décours du siècle ? [...] (p.291)

William Shakespeare (1564-1616)    Le marchand de Venise
(91) - ... Je suis un juif ! Un juif n'a-t-il pas des yeux ?
Un juif n'a-t-il pas de mains, des organes, des proportions,
des sens, des affections, des passions ?
N'est-il pas nourri de la même nourriture, blessé des mêmes armes,
sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes moyens,
échauffé et refroidi par le même été et par le même hiver qu'un chrétien ?
Si vous nous piquez, est-ce que nous ne saignons pas ?
Si vous nous chatouillez, est ce que nous ne rions pas ?
Si vous nous empoissonnez, est ce que nous ne mourons pas ?
Et si vous nous outragez, est-ce que nous ne vengerons pas ?
(Le marchand de Venise. Acte III, scène 1)

Georges Steiner (1929-2020)    Langage et silence
(92) - L'antisémitisme ne s'embarrasse pas de théologie et sa définition du Juif est large. (Chapitre : «Je suis un survivant» p.156)

Georges Steiner (1929-2020)    Errata
(93) - Ce qu'on ne pardonne pas au Juif, ce n'est pas d'avoir tué Dieu, mais de l'avoir «engendré». (p.98)

Claudine Vegh    Je ne lui ai pas dit au revoir
(94) - Etre juif, c'est très difficile; le rester envers et contre tout apparaît parfois aberrant, quand on n'est, comme moi, ni pratiquante ni même croyante. Mais le refuser, ce serait quelque part invivable,... ... Ayant échappé aux persécutions nazies, j'ai gardé le sentiment que la vie m'avait été « accordée » une deuxième fois. (p.20)

(95) - Ma femme est juive, je ne crois pas que j'aurais pu me sentir bien avec quelqu'un de non juif. (p.64 - témoignage de Paul)

Stephen Vizinczey (1933 -....)    Eloge des femmes mûres
(96) - - Alors c'est vrai que vous n'avez jamais battu personne ?
- Non, jamais.
L'enfant réfléchit un instant, me jaugeant de son regard soupçonneux. «Vous êtes juif ? »
- Non, pourquoi ?
- D'après papa, les juifs sont des gens spéciaux.
- Qu'est ce qu'il est sait ? (p.188)

(97) - L'histoire de leur défaite [note: des Hongrois] et de leur survie a pour eux la valeur d'une religion, comme chez les juifs; ils ont la tête pleine de calamités qui n'ont pas réussi à les anéantir. (p.210)

Voltaire (François-Marie Arouet, dit)(1694-1778)    remarques diverses
(98) - La religion juive, mère du christianisme, grand-mère du mahométisme, battue par son fils et par son petit-fils. (Extrait de Le sottisier)

(99) - Il est certain que la nation juive est la plus singulière qui jamais ait été dans le monde. Quoiqu'elle soit la plus méprisable aux yeux de la politique, elle est, à bien des égards, considérable aux yeux de la philosophie.
(Dictionnaire philosophique : les juifs)

(100) - Ils sont le dernier de tous les peuples parmi les musulmans et les chrétiens, et ils se croient le premier. Cet orgueil dans leur abaissement est justifié par une raison sans réplique; c'est qu'ils sont réellement les pères des chrétiens et des musulmans. Les religions chrétienne et musulmane reconnaissent la juive pour leur mère; et, par une contradiction singulière, elles ont à la fois pour cette mère du respect et de l'horreur. (Dictionnaire philosophique : les juifs)

(101) - On demande aussi quel droit des étrangers tels que les Juifs avaient sur le pays de Chanaan : on répond qu'ils avaient celui que Dieu leur donnait.
(Dictionnaire philosophique : les juifs)

Voltaire (François-Marie Arouet, dit)(1694-1778)    Dictionnaire philosophique
(102) - Je ne parle ici que de l'histoire profane, car pour celles des Juifs, nos maîtres et nos ennemis, que nous croyons et que nous détestons, comme l'histoire de ce peuple a été visiblement écrite par le Saint-Esprit lui-même, nous avons pour elle les sentiments que nous devons avoir. (p.41 article: Abraham)

(103) - Malheur à un peuple assez imbécile et assez barbare pour penser qu'il y a un Dieu pour sa seule province ! C'est un blasphème. (p.136 article: catéchisme chinois.)

Leon Wieseltier (1952- )    Kaddish
(104) - Il n'est pas d'incompréhension plus fondamentale de l'histoire juive que celle qui consiste à la réduire à l'adversité vécue par les juifs. (294)

(105) - C'est une des leçons de l'histoire juive que de montrer que la communauté de destin des juifs est plus vaste que leur communauté de croyance. (300)

(106) - L'histoire de la civilisation juive c'est l'histoire de ce qui peut être accompli dans une ruine. (365)



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