- J'appelle innocence cette maladie de l'individualisme qui consiste à vouloir échapper
aux conséquences de ses actes, cette tentative de jouir des bénéfices de la liberté
sans souffrir aucun de ses inconvénients. Elle s'épanouit dans deux directions,
l'infantilisme et la victimisation, deux manières de fuir la difficulté
d'être, deux stratégies de l'irresponsabilité bienheureuse.
(p.14)
- Jouer à l'enfant quand on est adulte, au misérable quand on est prospère, c'est dans les
deux cas chercher des avantages immérités, placer les autres en état de débiteurs à
son égard.
(p.17)
- la défaillance et la peur son inhérentes à la liberté.
(p.17)
- Si la pauvreté, selon Saint Thomas, c'est de manquer du superflu alors la misère est
manque du nécessaire, nous sommes tous pauvres en société de consommation: nous
manquons forcément à tout puisque tout est en excès.
(p.50)
- Le crédit escamote la souffrance d'avoir à payer pour obtenir; et la carte à puces, en
liquidant la matérialité de l'argent, donne l'illusion de la gratuité.
(p.60)
- Qu'est-ce que le progrès aux yeux du consommateur ? La forme supérieure de la magie.
(p.64)
- La télévision n'exige du spectateur qu'un acte de courage - mais il est surhumain -,
c'est de l'éteindre.
(p.68)
- Parce que nous n'avons jamais mieux vécu sur le plan matériel, jamais nous n'avons été
aussi peu prêt à mourir pour une cause, si juste soit-elle.
(p.80)
(Editions Grasset & Fasquelle, 1995. En collection de poche)
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