- Il n'est d'autre survie que la mémoire des enfants.
(p.37)
- Mais sans cadavre? Sans tombe, et sans enterrement, comment tenir la mort ?
(p.38)
- A New Dehli mes collègues indiens professeurs de philosophie connaissaient
l'existence du massacre des juifs en Europe, mais à le voir impavides, un
jour de 1988 où nous en débattions, j'eu un soupçon. Je posai une dernière
question."Mais savez-vous comment les juifs d'Europe furent massacrés ?" Le
professeur de bouddhisme : "Au couteau!" Celui du sikhisme : "Au fusil!"
Forcément : c'est ainsi que l'on massacre en Inde. Un massacre de plus ou
de moins qu'est-ce que cela fait ? On n'est plus à ça près. Sur trente
philosophes, un seul savait, un disciple d'Hannah Arendt, mais il se tut.
Car en Inde, l'anniversaire du nazi de service, Netaji du Bengal, est fête
nationale.
(p.110)
- A Dakar, l'année du centenaire de l'abolition de l'esclavage, je tins un
séminaire sur le Code noir, édicté sous Louis XIV pour réglementer le
statut des esclaves nègres aux Antilles. J'en fis lire le premier article
par mon ami Bachir, disciple d'Althusser et soufi noir ébène. L'article I du
Code noir spécifie qu'il faut d'abord, toutes affaires cessantes,
que soit chassés tous les juifs du royaume. Pour édicter sur les esclaves,
jetons les ordures pour commencer....
(p.111)
(Editions Stock 2000. Lu dans la collection "Livre de Poche" n° 30048)
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