- En elle même toute idée est neutre, ou devrait l'être; mais l'homme l'anime, y projette ses
flammes et ses démences; impure, transformée en croyance, elle s'insère dans le temps,
prend figure d'évènement: le passage de la logique à l'épilepsie est consommé... Ainsi
naissent les idéologies, les doctrines, et les farces sanglantes.
(p.7)
- ..;celui qui aime indûment un dieu, contraint les autres à l'aimer, en attendant de les
exterminer s'ils s'y refusent.
(p.7)
- Que l'homme perde sa faculté d’indifférence : il devient assassin virtuel.
(p.8)
- Les époques de ferveur excellent en exploits sanguinaires: sainte Thérèse ne pouvait
qu'être contemporaine des autodafés, et Luther du massacre des paysans.
(p.8)
- Lorsqu'on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées , le sang coule...
- Je me sens plus en sûreté auprès d'un Pyrrhon que d'un Saint-Paul, pour la raison
qu'une sagesse à boutades est plus douce qu'une sainteté déchaînée.
(p.9)
- l'obsession du salut rend la vie irrespirable.
(p.9)
- Les trottoirs du monde et les hôpitaux débordent de réformateurs...
(p.10)
- La société - un enfer de sauveurs! Ce qu'y cherchait [en ville] Diogène avec sa lanterne
c'était un indifférent..
(p.10)
- ...toute foi exerce une forme de terreur, d'autant plus effroyable que les «purs»
en sont les agents.
(p.10)
- Dans tout homme sommeille un prophète, et quand il s'éveille y a un peu plus de mal
dans le monde...
(p.11)
- Mais vivre, c'est s'aveugler sur ses propres dimensions.
(p.12)
- L'amour,- une rencontre de deux-salives... Tous les sentiments puisent leur absolu dans
la misère des glandes.
(p.12)
- Personne n'atteint d'emblée à la frivolité.
(p.15)
(Editions Gallimard. 1949 Collection idées)
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