Fédor Dostoievski (1821-1881)

Le sous-sol


  • J'ai quarante ans actuellement. Or quarante ans, c'est toute la vie, c'est la profonde vieillesse. Il est inconvenant, il est immoral et vil de vivre au-delà de la quarantaine. Qui vit après quarante ans ? Répondez sincèrement, honnêtement! Je vais vous le dire moi : les imbéciles, les chenapans; ceux-la vivent au-delà de quarante ans. Je le proclamerai à la face de tous les vieillards, de tous ces respectables vieillards, de tous les vieillards aux boucles argentées et parfumées! Je le proclamerai à la face de l'univers entier. J'ai le droit de parler ainsi, parce que, moi, je vivrai jusqu'à soixante ans! jusqu'à soixante-dix ans! jusqu'à quatre vingt ans! Mais attendez! Laissez-moi reprendre souffle! (chap.I, p.118)

  • ...la conscience, toute conscience est une maladie. (chap.II, p.121)

  • ...Mais l'homme nourrit une telle passion pour les systèmes, pour les déductions abstraites, qu'il est prêt à travestir sciemment la vérité, prêt à fermer les yeux et à boucher les oreilles devant la vérité, rien que pour justifier sa logique. (chap.VII, p.146)

  • La civilisation ne fait que développer en nous la diversité des sensations... pas autre chose. (Chap.VII, p.146)

  • Mais si la civilisation n'a pas rendu l'homme plus sanguinaire, elle l'a certainement rendu plus vilainement, plus lâchement sanguinaire. (chap.VII, p.146/147)

    (Le livre de poche. - 1969 Traduction de Pierre Pascal et Boris de Schoezer)


Fédor Dostoievski (1821-1881)

Les frères Karamazov


  • [...] à mon sens, les miracles ne troubleront jamais un réaliste, car ce ne sont pas eux qui lui donnent la foi. Le véritable réaliste, quand il est un athée, trouvera toujours moyen de ne pas croire au miracle : si jamais ce dernier s'impose à lui comme un fait incontestable, il doutera de ses sens plutôt que d'admettre le fait. Ou bien il l'admettra comme un fait naturel, mais inconnu de lui jusqu'àlors. Chz le réaliste, ce n'est pas la fois qui nait du miracle, c'est le miracle qui nait de la foi. (p.

  • ...(car les socialisme n'est pas seulement la question ouvrière ou celle du quatrième Etat, comme on l'appelle ; c'est surtout la question de l'athéïsme, de son incarnation contemporaine, de la tour de Babel, qui s'érige sans Dieu, non pas pour élever la terre jusqu'aux cieux, mais pour abaisser les cieux jusqu'à terre.) (p.24)

  • ... àl'époque je pratiquai le métier de pique-assiette chez les nobles et gagnais mon pain à la sueur de mon parasitisme. (p.37)

  • Quiconque est dupe de soi-même, quiconque prête l'oreile à ses propres mensonges finit par ne plus voir la vérité, ni en soi, ni alentour. (p.40)

  • Surtout, évitez le mensonge, le mensonge en général et le mensonge envers soi en particulier. Observez votre mensonge, étudiez-le à toute heure, à chaque instant. Evitez aussi la répugnance envers les autres comme envers vous-même: tout ce qui vous semble mauvais est purifié du seul fait que vous vous en soyez aperçue. Evitez aussi la crainte, bien qu'au fond elle ne soit pas autre chose que l'enfant du mensonge. N'ayez pas peur de votre propre lâcheté dans la poursuite de l'amour, n'ayez même point trop peur de vos mauvaises actions. (p.51/52)

  • [...] Il ne peut y avoir de vertu sans immortalité. (p.63)

  • ...Je ne l'ai jamais raconté à personne, excepté à Ivan : celui-là sais tout, bien avant toi. Car Ivan est une tombe. (p.102)

  • - Il n'y aurait pas eu de civilisation si les hommes n'avaient pas inventé Dieu. (p.125)

  • Car dites-vous bien mes Pères et mes Frères, que chacun de nous est coupable de tout envers tous, non seulement par la faut collective de l'humanité, mais encore chacun pour chaque homme et pour tous les hommes de la terre. (p.150)


  • A lire absolument : Dostoevski : Les frères Karamazov: Livre cinquième - Chapitre IV : "Le révolte". Sur la souffrance faite aux enfants. (p. 212 à 221) Je veux vivre, et je vis, quand ce serait même à l'encontre de toute logique. (p.207)

  • - Faut-il aimer la vie plutôt que le sens de la vie ? (p.207)

  • On compare parfois la cruauté de l'homme à celle des « fauves » : c'est une injure faite aux bêtes. (p.214)

  • Toutes les science du monde ne vaut pas les larmes de cet enfant qui supplie: « son bon Dieu ». (p.217)

  • Et si les larmes des enfants sont allées compléter la somme nécessaire à l'acquisition de la vérité, je soutiens a priori que la vérité ne vaut pas d'être payée de (p.220)

  • Chez les riches, la solitude et le suicide spirituel; chez les pauvres, l'envie et le meurtre, pour la bonne raison qu'on leur a accordé des droits, mais sans leur indiquer le moyen de satisfaire leurs besoins. (p.274)

  • Il ne faut pas aimer pour un instant, mais jusqu'au bout. L'homme le plus méchant est capable d'aimer d'amour éphémère. (p.280

  • Mes Pères et mes maîtres, qu'est-ce donc que l'« enfer » ? Voici ce que j'en pense: cest la « souffrance de ne plus pouvoir aimer ». (p.282)

  • Note 1 : du 21/12/2015: à la dernière page de mon exemplaire, après le mot "FIN" j'ai écrit un grand point d'interrogation. [Yves Frisch] (p.631) Note 2 : une livre fleuve, tourmenté, avec quelques grandes idées, mais aussi avec plusieurs remarques antisémites du pire genre, qui indiquent bien l'esprit de l'époque avec tous les préjugés qui pouvaient circuler sur les juifs dans l'esprit de beaucoup de gens: affairistes, intéresser uniquement par l'esprit de lucre, qui tuent des enfants chrétiens à Paques pour faire du pain azime ::

    (Bordas.1947 ; Collection Marabout. Traduction Rostislav Hofmann)


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dernière mise à jour : 18/07/2022 version: 02/2002