Carlos Fuentes (1928-2012)

Diane ou La chasseresse solitaire


  • Il n'est pire servitude que l'espoir d'être heureux. (p.11)

  • La vie éternelle est l'éternelle félicité. Cependant, en rebelles insatisfaits que nous sommes nous répliquons à Dieu : Ne méritons nous point une parcelle d'éternité dans notre passage dans le temps ? (p.11)

  • Dieu en tout état de cause, se venge de nous : il nous refuse l'immortalité ; nous condamne à la souffrance éternelle. (p.11)

  • Nous ne pouvons connaître de Dieu que ce que Dieu n'est pas. (p.12)

  • La mythologie chrétienne, qui oppose la charité au jugement implacable de l'Ancien Testament, ne parvient pas à la superbe ambiguïté de la mythologie païenne. (p.14)

  • La liberté peut-elle se conquérir au moyen d'une autre valeur que la liberté elle-même ? (p.14)

  • Mais toutes singularité, amoureuse ou littéraire - souvenir ou désir -, est vite engloutie par la grande marée qui sans cesse nous encercle comme un incendie sec, comme un déluge ardent. Il nous suffit de sortir un instant de notre peau pour savoir que nous sommes cernés par une houle toute-puissante qui nous précède et nous survit, indifférente à notre existence particulière. (p.15)

  • Rien ne suscite plus grande mélancolique que l'idée de ne pas connaître tous les êtres qu'on aurait pu aimer, qu'on va mourir avant d'avoir pu les rencontrer. (p.33)

  • Les femmes les plus intéressantes que j'ai connues ne parlent à personne de leur vie sexuelle. Même leurs amies intimes ne savent rien. Et rien n'intrigue ni n'excite plus un homme qu'une femme qui garde les secrets mieux que lui. (p.37)

  • Est-il possible de sortir d'une situation amoureuse pour entrer dans une autre sans blesser personne ? (p.44)

  • Les femmes sont expertes dans l'art de nous faire sentir coupables. (p.48)

  • Le problème du couple c'est quand il cesse de s'inventer. (p.75) (p.37)

  • Tout ce qui lutte pour la justice relève de la folie, Le christianisme est une folie, la liberté, le socialisme, la fin du racisme et de la pauvreté, de la folie tout ça. Si tu défends ce genre de chose, tu es fou, tu es une sorcière, et on finira par te brûler... (p.101)

  • Peut-être la crainte la plus secrète est que toute passion aveugle, irréfléchie, nous fait sortir du groupe auquel nous appartenons, nous rend coupable de trahison... (p.115)

  • - Il n'y a pas de femmes qu'on ne puisse conquérir si on lui consacre le temps et les compliments qu'il faut. C'est plus important que l'argent et la beauté. Du temps, du temps, la femme est dévoratrice du temps de l'homme, c'est tout. Il faut leur consacrer beaucoup de temps. (p.117)

  • Il y a des gens pour qui la réalité est simplement le monde objectif, concret : la chaise est une chaise, la montagne a toujours été là, le nuage passe mais obéit aux lois de la physique : tout cela est réel. Pour d'autres, il n'est d'autre réalité qu'interne - la réalité subjective. L'esprit est une vaste salle vide qui s'emplit peu à peu, à mesure que nous vivons, du mobilier des perceptions. Le monde objectif existe, mais il est dépourvu de sens tant qu'il n'est pas passé par le tamis de mon esprit. La subjectivité donne réalité à un monde d'objet muets, inanimés.[...] Ainsi donc, la réalité pour moi est une étoile à trois branche : la matière, la psyché et la culture.[...] (p.135/136)

  • J'ai du mal à parle au téléphone. L'invisibilité de mon interlocuteur m'emplit de nervosité et d'angoisse. Je ne puis confronter les paroles avec les expressions du visage. Je ne puis savoir si la personne qui me parle est seule ou en compagnie, vêtue ou dévêtue, maquillée ou sans fard. Le mensonge est le revers du progrès. Plus nous avançons dans le progrès technologique, plus nous compensons notre retard moral ou imaginatif en utilisant l'arme dont nous disposons : le mensonge. (p.225)

  • La jalousie tue l'amour, mais pas le désir. (p.241)

  • Elle ne s'est pas rendu compte qu'une chose menait à l'autre, tu comprends, la révolte à l'excès sexuel, celui-ci à l'alcool, l'alcool à la drogue et la drogue à la terreur, à la violence, à la folie... (p.262)

  • [...] ayons une confiance absolue en Dieu parce que Dieu justifie l'homme, Dieu accepte l'homme parce que l'homme accepte d'être accepté en dépit de son inacceptabilité.[...] (p.293)

  • Dans la foi, l'homme croit qu'il est reçu par la grâce de Dieu et que ses crimes sont pardonnées au nom du Christ, lequel par sa mort a expié tous nos péchés. Le prix que l'Église impose à pareille foi est de se plier, au-dedans comme au dehors, à la volonté divine. Cela c'est la foi qui l'exige, non la raison, car la raison conduit au désespoir. Il en coûte de concevoir rationnellement que Dieu justifie l'injustice. le croyant embrasse l'Évangile pour comprendre qu'Évangile signifie Dieu justifie les croyants au nom du Christ, pas au nom de leurs mérites. (p.283)

    (Gallimard 1996. lu dans la collection. Folio . Original 1994, traduit de l'espagnol par Céline Zins ISBN :2-07-040752-7)



Début de page  
dernière mise à jour : 15/03/2022 version: 14/03/2022