Charles Juliet (1934 - ....)
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L'année de l'éveil
récit d'un enfant de troupe
- Mon quart de café, ma mince tranche de pain et ma sardine ont été raflés, et
ensuite, il me faut attendre jusqu'à midi avant de pouvoir calmer ma fringale.
Mais si je pleure, ce n'est pas parce que j'ai faim et vais trouver la matinée
interminable. C'est en raison de leur égoïsme, de leur indifférence à ce que
ce acte entraîne pour celui qui en est victime. Des onze camarades avec
lesquels je prends mes repas, il n'y en a pas eu un seul pour me garder ma
part, et cela me meurtrit, me blesse, fait de moi un exclu.
(p.12)
0 boxe colère
J'ai surtout assimilé deux principes de ce sport [la boxe],absolument
fondamentaux : premièrement, ne pas avoir peur des coups, à chaque instant
garder l'oeil ouvert sur l'adversaire. Deuxièmement, ne jamais céder à la
colère, fût-ce lorqu'un coup fait mal et qu'une brutale impusion m'impose de
me ruer à l'attaque. Car céder à la colère, c'est perdre le contrôle des
opérations, et avoir toutes chances de se faire cueillir par un adversaire,
qui lui, a su conserver son sang-froid.
(p.92/93)
- D'ailleurs, que Dieu existe ou non quelle importance ! En revanche, ce qui
importe au plus haut point, c'est ce que nous sommes, et la manière dont nous
nous conduisons avec autrui. Cet autre moi-même, mon semblable, est-ce que je
le respecte, le traite en égal, fait preuve de rectitude dans mes rapports avec
lui ? Ou au contraire est-ce que je ne cherche pas, subtilement ou non, à le
dominer et l'exploiter ? A l'abaisser et l'humilier ?
(p.136)
(P.O.L. éditeur, 1989 Lu Editions Gallimard 1998. Collection Folio N°4334) ISBN 978-2-07-030834-7)
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Lambeaux
- Aucune citation de ce livre à insérer. Reste un conseil : lisez ces deux livres
de Charles Juillet "L'année de l'exil" et "Lambeaux".
(P.O.L editeur, 1995 Lu Editions Gallimard 1998. Collection Folio N°2948) ISBN 978-2-07-040086-7)
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version-30/06/2018
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Gratitude
Journal IX 2004-2008)
- Quand le désir surgit, l'étonnant est que nous pouvons être entièrement neufs,
aptes à vivre avec avidité l'instant qui se présente.
(p.12/13)
- Etre pauvre, ce n'est pas seulement avoir peu d'argent pour vivre. C'est être
installé dans la soumission, c'est ne pas pouvoir imaginer qu'on pourra un jour
tenter d'inverser le cours des choses.
(p.23)
- J'ai vraiment beaucoup de difficulté à comprendre qu'on puisse être à ce point
indifférent à la souffrance que l'on cause.
(p.50) [note YF: voir la fin de "Adolphe" de Benjamin Constant]
- [...] j'ai lu Journal d'un lecteur d'Alberto Manguel. Dans ce livre il
raconte que le roi Frédéric II a voulu savoir ce qu'était le «langage originel»
des nouveaux-nés. Plusieurs d'entre eux avaient donc été retirés à leur mère
et confiés à des nourrices ayant la consigne de ne pas leur parler.
Aucun de ces nourissons n'a survécu.
(p.58/59)
- [ sur Heideger] ...Mais que signifie penser si l'on ne veut rien savoir des
tragédies de son temps ?
(p.84)
- Nous n'avons pas à rejeter notre enfance, notre passé. L'une et l'autre sont
constitutifs de notre identité. Ce qu'il faut, c'est les tenir à distance. N'en
être plus encombré.
(p.134)
- La lucidité est souvent une souffrance
(p.152)
- C'est moins l'instance morale qui régit mes propos et mon comportement que le
souci que j'ai de ne pas blesser l'autre.
(p.179/180)
- Etre libre, c'est n'être plus soumis à ce qui trop souvent nous détermine,
c'est pouvoir penser par soi-même.
(p.188)
- Les hommes sont capables de prouesses techniques qui défient l'imagination.
Mais cette violence qu'il portent en eux depuis le fond des âges, ils n'ont
jamais entrepris de la combattre.
(p.196/197)
(P.O.L. éditeur, 2017 - ISBN : 978-2-8180-4341-7)
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dernière mise à jour : 26/06/2018
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version: YF-06/2018
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