"Se questo è un uomo" suivi de la traduction française : "Si c'est un homme"
- Se questo è un uomo
Voi che vivete sicuri
Nelle vostre tiepide case,
Voi che trovate tornando a sera
Il cibo caldo e visi amici;
Considerate se questo è un uomo
Che lavora nel fango
Che non conosce pace
Che lotta per mezzo pane
che muore per un sì o per un no.
Considerate se questa è una donna,
Senza capelli e senza nome
Senza più forza per ricordare
Vuoti gli occhi e freddo il grembo
Come una rana d'inverno.
Meditate che questo è stato:
Vi comando queste parole.
Scolpitele nel vostro cuore
Stando in casa andando per via,
Coricandovi alzandovi
Ripetetele ai vostri figli
O vi si sfaccia la casa,
La malattia vi impedisca
I vostri nati torcano il viso da voi
Si c'est un Homme
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
(Julliard. Presses Pocket)
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Si c'est un homme (1945/1946)
A lire, et à relire, absolument.
- Bien des mots furent alors prononcés, bien des gestes accomplis, dont il vaut
mieux taire le souvenir.
(p.15)
- Nous découvrons tout tôt ou tard dans la vie que le bonheur parfait n'existe pas;
mais bien peu sont ceux qui s'arrêtent à cette considération inverse qu'il n'y a
pas non plus de malheur absolu. Les raisons qui empêchent la réalisation de ces deux
états limites sont de même ordre: elles tiennent à la nature même de l'homme, qui
répugne à tout infini.
(p.15/16)
- Nous nous dîmes alors, en cette heure décisive, des choses qui ne se disent pas
entre vivants.
(p.18)
- ...un système plus expéditif fut adopté par la suite : on ouvrait les portières des
wagons des deux côtés en même temps, sans avertir les nouveaux venus ni leur dire
ce qu'il fallait faire. Ceux que le hasard faisait descendre du bon côté entraient
dans le camp ; les autres finissaient à la chambre à gaz.
(p.19)
- Nous savons,..., que nous serons difficilement compris, et il est bon qu'il en soit
ainsi.
(p.26)
- Et que l'on n'aille pas croire que dans la vie du Lager, les souliers constituent un
facteur négligeable. La mort commence par les souliers...
(p.35)
- ...c'est justement, parce que le Lager est une monstrueuse machine à fabriquer des
bêtes, que nous ne devons pas devenir des bêtes; puisque même ici il est possible
de survivre, nous devons vouloir survivre, pour raconter, pour témoigner: et pour
vivre il est important de sauver au moins l'ossature, la charpente, la forme
de la civilisation. Nous sommes des esclaves, certes, privés de tout droit, en
butte à toutes les humiliations, voués à un mort presque certaine, mais il nous
reste encore une ressource et nous devons la défendre avec acharnement parce que
c'est la dernière: refuser notre consentement...
(p.42)
- Malheur à celui qui rêve: le réveil est la pire des souffrances.
(p.46)
- S'il est un message que le Lager eût pu transmettre aux hommes libres, c'est
bien celui-ci: ...Faites en sorte de ne pas subir dans vos maisons ce qui nous
est infligé ici.
(p.58)
- ... Nous ne reviendrons pas. Personne ne sortira d'ici, qui pourrait porter au
monde, avec le signe imprimé dans sa chair, la sinistre nouvelle de ce que
l'homme, à Auschwitz, a pu faire d'un autre homme.
(p.59)
- Nous somme persuadés en effet qu'aucune expérience humaine n'est dénuée de sens ni
indigne d'analyse, et que bien au contraire l'univers particulier que nous décrivons ici
peut servir à mettre en évidence des valeurs fondamentales, sinon toujours positives.
Nous voudrions faire observer à quel point le Lager a été, aussi et à bien des égards,
une gigantesque expérience biologique et sociale.
Enfermez des milliers d'individus entre des barbelés, sans distinction d'âge, de
condition sociale, d'origine, de langue, de culture et de moeurs, et soumettez-les à
un mode de vie uniforme, contrôlable, identique pour tous et inférieur à tous les
besoins: vous aurez là ce qu'il peut y avoir de plus rigoureux comme champ
d'expérimentation, pour déterminer ce qu'il y a d'inné et ce qu'il y a d'acquis dans
le comportement de l'homme confronté à la lutte pour la vie.
(p.93)
- Mais au Lager il en va tout autrement : ici la lutte pour la vie est implacable
car chacun est désespérément et férocement seul.
(p.94)
- ... et celui qui se fait craindre est du même coup un candidat à la survie.
On a parfois l'impression qu'il émane de l'histoire et de la vie une loi féroce
que l'on pourrait énoncer ainsi: « Il sera donné à celui qui possède, il sera pris
à celui qui n'a rien. » Au Lager, ou l'homme est seul et où la lutte pour la vie
se réduit à son mécanisme primordial, la loi inique est ouvertement en vigueur et
unanimement reconnue.
(p.95)
- Ils peuplent ma mémoire de leur présence sans visage, et si je pouvais résumer tout
le mal de notre temps en une seule image, je choisirais cette vision qui m'est
familière: un homme décharné, le front courbé et les épaules voûtées, dont le visage
et les yeux ne reflètent nulle trace de pensée.
(p.97)
- L. n'ignorait pas que passer pour puissant, c'est être en voie de le devenir, et que
partout au monde mais plus particulièrement au camp, où le nivellement est général,
des dehors respectables sont la meilleure garantie d'être respecté.
(p.101)
- Il (Lorenzo) ne demanda rien et n'accepta rien en échange, parce qu'il était bon
et simple, et ne pensait pas que faire le bien dût rapporter quelque chose.
(p.128)
- ...la réputation de chance,(...) représente un atout de la première
importance pour qui sait s'en prévaloir.
(p.128)
- Mais Lorenzo était un homme : son humanité état pure et intacte, il
n'appartenait pas à ce monde de négation. C'est à Lorenzo que je dois de
n'avoir pas oublié que moi aussi j'étais un homme.
(p.130)
- Les polonnais qui sont toujours les premiers à connaitre les nouvelles,
s'arrangent en général pour n'en rien laisser transpirer, en vertu du principe
que savoir quelque chose quand personne ne sait rien peut toujours être utile.
(p.133)
- Savez-vous comment on dit « jamais » dans le langage du camp ? « Morgen früh »,
demain matin.
(p.143)
- Aujourd'hui je pense que le seul fait qu'un Auschwitz ait pu exister devrait
interdire à quiconque, de nos jours, de prononcer le mot de Providence:...
(p.169)
- Celui qui tue est un homme, celui qui commet ou subit une injustice est un
homme. Mais celui qui se laisse aller au point de partager son lit avec un
cadavre,celui-là n'est pas un homme. Celui qui a attendu que son voisin finisse
de mourir pour lui prendre un quart de pain, est, même s'il n'est pas fautif,
plus éloigné du modèle de l'homme pensant que le plus fruste des Pygmées et le
plus abominable des sadiques.
(p.185)
- Peut-être que ce qui sest passé ne peut être compris, et même ne doit pas
être compris, [souligné par l'auteur] dans la mesure où comprendre c'est
presque justifié...
... C'est pourquoi nous avons tous le devoir de méditer sur ce qui s'est
produit. Tous nous devons savoir, ou nous souvenir, que lorsqu'ils parlaient en
public, Hitler et Mussolini étaient crus, applaudis, admirés, adorés comme des
dieux.
(p.211)
(Julliard. Presses Pocket)
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La trève (1963)
- Que vous soyez ou non croyant, que vous soyez ou non «patriote», si
un choix vous est donné, ne vous laissez pas séduire par l'intérêt
matériel ou intellectuel, mais choisissez le domaine qui peut rendre
moins douloureux et moins périlleux l'itinéraire de vos contemporains et
de vos descendants.
(dans : ??? )
- (au moment de la libération d'Auschwitz)
...Ils ne nous saluaient pas, ne nous souriaient pas; à leur pitié semblait
s'ajouter un sentiment confus de gêne qui les oppressait, les rendait muets
et enchaînait leurs regards à ce spectacle funèbre. C'était la même honte
que nous connaissions bien, celle qui nous accablait après les sélections et
chaque fois que nous devions assister ou nous soumettre à un outrage : la
honte que les Allemands ignorèrent, celle que le juste éprouve devant la faute
commise par autrui, tenaillé par l'idée qu'elle existe, qu'elle ait été
introduite irrévocablement dans l'univers des choses existantes et que sa bonne
volonté se soit montrée nulle ou insuffisante et totalement inefficace.
(p.14/15)
- C'est pourquoi, pour nous aussi, l'heure de la liberté eut une résonance sérieuse
et grave et emplit nos âmes à la fois de joie et d'un douloureux sentiment de
pudeur grâce auquel nous aurions voulu laver nos consciences de la laideur qui
y régnait; et de peine, car nous sentions que rien ne pouvait arriver d'assez bon
et d'assez pur pour effacer notre passé, que les marques de l'offense resteraient
en nous pour toujours, dans le souvenir de ceux qui y avaient assisté, dans les
lieux où cela s'était produit et dans les récits que nous en ferions. Car, et
c'est là le terrible privilège de notre génération et de mon peuple, personne
n'a jamais pu, mieux que nous, saisir le caractère indélébile de l'offense
qui s'étend comme un épidémie. Il est absurde de penser que la justice humaine
l'efface. c'est une source de mal inépuisable : elle brise l'âme et le corps
de ses victimes, les anéantit et les rend abjects; elle rejaillit avec infamie
sur les oppresseurs, entretient la haine chez les survivants et prolifère de mille
façons, contre la volonté de chacun, sous forme de lâcheté morale, de négation,
de lassitude, de renoncement.
(p.15)
- Quand il y a la guerre, il faut penser avant tout à deux choses : d'abord aux
chaussures et ensuite à la nourriture; et non l'inverse comme on le croit
ordinairement : parce que celui qui a des chaussures peut partir en quête de
nourriture mais pas le contraire.
(p.58)
(La Trève, Grasset Traduit de l'italien par Emmanuelle Genevois-Joly)
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Les naufragés et les rescapés
Quarante ans après Auschwitz
Est-il nécessaire de le dire ? : à lire absolument
- Personne ne réussira jamais à établir de façon précise combien, dans l'appareil
nazi, ne pouvait pas ne pas savoir les épouvantables atrocités qui
étaient commises,...
(p.15)
- ..., le système concentrationnaire nazi demeure une chose unique, tant par les
dimensions que par la qualité.
(p.21)
- On ne lit pas sans effroi les mots laissés par Jean Améry, le philosophe
autrichien torturé par la Gestapo pour son activité dans la résistance belge,
et déporté ensuite
à Auschwitz parce qu'il était juif:
« Qui a été torturé reste torturé.[...] Qui a subi le supplice ne pourra plus
jamais vivre dans le monde comme dans son milieu naturel, l'abomination de
l'anéantissement ne s'éteint jamais. La confiance dans l'humanité, déjà entamée
dès la première gifle reçue, puis démolie par la torture, ne se réacquiert
plus.»
La torture a été pour lui une mort interminable : Améry, s'est tué en 1978.
(p.25)
- Or, quiconque a une expérience suffisante des choses humaines sait que la
distinction (l'opposition, dirait un linguiste) bonne foi/mauvaise foi est
empreinte d'optimisme et de confiance dans l'homme...
(p.26)
[YF: Penser au message de Jésus: « Paix aux hommes de bonne volonté »]
- Le passage silencieux du mensonge à autrui à celui qu'on se fait à soi-même est
utile : qui ment de bonne foi ment mieux, joue mieux son rôle, est cru plus
facilement par le juge, par l'historien, par le lecteur, par sa femme,
par ses enfants.
(p.27)
- Distinguer la bonne et la mauvaise foi se paie : cela demande une profonde
sincérité avec soi-même, exige un effort continuel, intellectuel et moral.
(p.28)
- En général, s'il est difficile de nier qu'on a commis une action donnée, ou que
cette action a été commise, il est en revanche extrêmement facile d'altérer les
motivations qui nous ont conduit à un certain acte, ainsi que les passions qui,
en nous, ont accompagné cet acte.
(p.30)
- Du reste, l'histoire entière du « Reich millénaire » peut être relue comme une
guerre contre la mémoire, une falsification de la mémoire à la Orwell [YF:
voir "1984" ], une négation de la réalité allant jusqu'à la fuite définitive
hors de la réalité.[...] Son effondrement final n'a pas été seulement une
délivrance pour le genre humain mais aussi une démonstration du prix à payer
lorsqu'on manipule la vérité.
(p.31-32)
- Le monde dans lequel on se sentait précipité était effrayant, mais il était
aussi indéchiffrable: il n'était conforme à aucun modèle.
(p.38)
- Mais malheur à vous si cette dignité vous pousse à réagir, c'est là une loi non
écrite mais d'airain: le « Zurückschlagen », répondre aux coups par
des coups, est une transgression intolérable qui ne peut venir qu'à l'esprit
d'un « nouveau ».
(p.41)
- Le privilège, par définition, défend et protège le privilège...
(p.41)
- L'ascension des privilèges, non seulement au Lager mais dans toutes les
sociétés humaines, est un phénomène angoissant mais fatal : ils ne sont absents
que dans les utopies. C'est le devoir de l'homme juste de faire la guerre à
tout privilège non mérité, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une
guerre sans fin. [...]
(p.41-41]
- C'est un jugement que nous voudrions confier uniquement à ceux qui ont eu la
possibilité de vérifier sur eux-mêmes ce que signifie le fait d'agir en état de
contrainte.
Manzoni [1785-1873] le savait bien : «Les provocateurs, les oppresseurs, tous ceux qui,
d'une façon quelconque, font tort à autrui, sont coupables, non seulement du
mal qu'ils commettent, mais encore du pervertissement auquel ils conduisent
l'âme des offensés.»
(p.43-44)
- Il n'est ni facile ni agréable de sonder cet abîme de noirceur, et je pense cependant
qu'on doit le faire, car ce qu'il a été possible de commettre hier pourra être tenté à
nouveau demain, pourra nous concerner nous-mêmes ou nos enfants. On est tenté de
détourner les yeux et de tourner ailleurs son esprit: c'est une tentation qu'il faut
repousser.
(p.53)
- .., or personne ne peut savoir combien de temps et à quelles épreuves son âme pourra
résister avant de céder ou de se briser.
(p.59)
- La faim épuise, la soif rend furieux:...
(p.78)
- Les « sauvés » du Lager n'étaient pas les meilleurs, les prédestinés au bien, les
porteurs d'un message : tout ce que j'avais vu et vécu montrait exactement le contraire.
Ceux qui survivaient étaient de préférences les pires, les égoïstes, les violents, les
insensibles, les collaborateurs de la « zone », les mouchards.[...] Les pires
survivaient, c'est-à-dire les mieux adaptés, les meilleurs sont tous morts.
(p.81)
- Or je crois que les douze années hitlériennes ont partagé leur violence avec beaucoup
d'autres espaces-temps historiques, mais qu'elles sont caractérisées par une inutile
violence diffuse, devenue une fin en soi, visant uniquement à créer de la douleur..
(p.104)
- Un régime inhumain répand et étend son inhumanité dans toutes les directions, même et
spécialement vers le bas;...
(p.111)
- En vérité, on se trouve amené à penser que, dans le Troisième Reich, la décision choisie,
décision imposée d'en haut, fut celle qui comportait la plus grande douleur possible, le
gaspillage maximum de souffrance physique et morale. Non seulement l'« ennemi » devait
mourir, mais il devait mourir supplicié.
(p.119)
- ...le Lager a été une université : il nous a enseigné à regarder autour de nous
et à prendre la mesure des hommes.
(p.139)
- Je ne comprends pas, je ne supporte pas qu'on juge un homme non pour ce qu'il
est mais à cause de groupe auquel le hasard l'a fait appartenir..
(p.171)
- C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau: tel est le noyau de ce que
nous avons à dire.
(p.196)
(Gallimard 1989. Traduit de l'italien par André Maugé)
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Le système périodique (1975)
- On reconnaît facilement qui achète et vend de son métier: il a l'oeil éveillé et le visage
tendu, il craint la tromperie ou la médite, et il est sur ses gardes comme un chat à la brune.
C'est son métier qui tend à détruire l'âme immortelle; il y eut des philosophes courtisans,
des philosophes polisseurs de lentilles, et même des philosophes ingénieurs et stratèges, mais
aucun philosophe, autant que je sache, ne fut grossiste ou boutiquier.
(p.203)
- ...la permission de se tromper se réduit avec les années et que, pour cette raison, qui veut
en profiter ne doit pas attendre trop longtemps.
(p.224)
- .. l'expérience enseigne que c'est la qualité la plus constante, celle qui ne s'acquiert ni
ne se perd avec les années. On naît digne de confiance, avec un visage ouvert et le regard
droit, et tel on reste pour la vie. Qui naît tordu et myope le restera, qui vous ment à
six ans vous mentira à seize et à soixante ans. Le phénomène est important et explique
comment certaines amitiés et certains mariages survivent pendant de nombreux décennies, et
dépit de l'habitude, de l'ennui, des sujets de conversation épuisés,...
(p.239)
- Dans le monde réel, les hommes armés existent, ils construisent Auschwitz, et les honnêtes
et les désarmés aplanissent leur voie; c'est pourquoi chaque Allemand, plus, chaque homme,
doit répondre d'Auschwitz, et qu'après Auschwitz il n'est plus permis d'être sans arme.
(p.265)
(Albin Michel. Traduit de l'italien par André Maugé)
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Le métier des autres (1985)
Notes pour une redéfinition de la culture
- « Tous est mystère, Hormis notre douleur » (Leopardi, dans Le dernier chant de Sapho)
(p.67)
- C'est le difficile devoir de chaque homme de diminuer autant qu'il le peut la terrible
masse de cette « substance » qui salit toute vie: la douleur sous toutes ses formes;...
et il est étrange, et beau, que l'on puisse conclure à cet impératif à partir de prémisses
radicalement différentes.
(p.67)
- Le dicible est préférable à l'indicible, la parole humaine au grognement animal.
(P73)
- C'est la parole qui nous différencie des animaux : apprenons à faire bon usage de la parole.
(p.230)
- Non seulement nous ne sommes pas le centre du cosmos, mais nous y sommes des étrangers: nous
sommes une singularité. L'univers nous est étrange, nous sommes étrangers dans l'univers.
(p.235)
- ... la condition humaine est incompatible avec la certitude.
(p.339)
(Gallimard 1989. Traduit de l'italien par Martine Schruoffeneger. Collection Folio Essais)
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L'asymétrie et la vie
Articles et essais 1955-1987
- Première partieTrou noir d'Auschwitz
- Il s'agit de honte. Nous sommes des hommes appartenons à la même famille
humaine que nos bourreaux. Devant l'énormité de leur faute,nous avons
l'impression d'être, nous aussi, citoyens de Sodome et Gomorrhe, nous
n'arrivons pas à nous sentir étrangers à l'accusation qu'un juge extraterrien
élèverait contre l'humanité entière en se fondant sur nos témoignages mêmes.
(p.23)
- Selon moi, Auschwitz ne peut être interprété que de cette manière : comme la
folie d'un petit nombte et le consentement stupide et lâche d'un grand nombre.
(p.27)
- Je ne comprends pas, je ne supporte pas qu'on juge un homme non pas pour ce
qu'il est, mais pour le groupe auquel il se trouve qu'il appartient.
(p.36)
- Pour moi, être juif signifiait quelque chose d'imprécis, et non un problème à
proprement parler : avoir une conscience paisible de l'histoire très ancienne
de mon peuple, manifester une sorte d'incrédulité bienveillance face à la
religion, un penchant prononcé pour le monde des livres et des discussions
abstraites. Pour le reste, je ne me sentais pas différent de mes amis et de mes
camarades chrétiens, et j'étais à l'aise en leur compagnie.
(p.37)
- Deuxième partie Les métiers des autres>
- Il faut encore évoquer un fait curieux et dérangeant. J'ignore quel imbécile a
affirmé le premier « l'exception confirme la règle ». Elle ne la confirme pas
le moins du monde : elle l'affaiblit et la rend douteuse.
(p.249)
(Robert Laffont. 2004. Traduit de l'italien par Nathalie Bauer); ISBN 2-221-09653-3
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Début de page
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dernière mise à jour : 21/03/2022
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version: YF/2001
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