- Thomas Edison a échoué tant de fois avant d'inventer l'ampoule électrique qu'un
de ses collaborateurs lui a demandé comment il pouvait supporter autant
d'échecs, « des milliers d'"échecs" ». « Je n'ai pas échoué des milliers de
fois, j'ai réussi des milliers de tentatives qui n'ont pas fonctionné », à
répondu l'inventeur. Thomas Edison savait qu'un scientifique n'apprend qu'en
se trompant, que chaque erreur rectifiée est un pas de plus vers la vérité".
(p.8)
- Il y a les échecs qui nous rendent plus combatifs, ceux qui nous rendent plus
sages, et puis il y a ceux qui nous rendent simplement disponibles pour autre
chose.
(p.9)
- Le thème de l'échec affleure quand même parfois chez les philosophes. Il n'est
jamais très loin chez les stoïciens de l'Antiquité, qui nous enseignent une
sagesse de l'acceptation et nous apprennent à ne pas ajouter un second mal au
premier.
(p.11)
- Les succès sont agréables, mais ils sont souvent moins riches d'enseignement
que les échecs.
(p.15)
- Mieux vaut un échec rapide, et rapidement rectifié, que pas d'échec du tout.
(p.11)
- Dans ce vieux pays qu'est la France, nous nous définissons au contraire toute
notre vie par les diplômes obtenus quand nous vivions encore chez nos parents.
(p.18)
- Comment ne pas voir dans cette obsession des diplômes obtenus jeunes une peur
de la vie, de ce réel qu'heureusement nous ne cessons de rencontrer, et que
l'échec nous permet souvent de rencontrer plus rapidement ?
[...]
Ce sera d'ailleurs aussi l'occasion d'éprouver sa capacité de
résistance. C'est d'ailleurs une autre vertu de l'échec : il faut avoir déjà
échoué pour savoir qu'on se relève. Alors autant commencer tôt.
(p.19)
- Même dans l'éducation nationale on retrouve les effets pervers de cette
idéologie du « fast track ». Les professeurs y sont divisés en deux catégories.
S'ils ont échoué à l'agrégation et n'ont obtenus que le Capes, ils enseignent 18
heures par semaine. S'ils ont réussi l'agrégation, ils enseignent 14 heures par
semaines, tout en étant mieux payés. Et cet écart ne fera que s'accroître tout
au long de leur carrière. C'est peu dire que nous sommes loin du « fast track
».
Ceux qui ont raté l'agrégation à 22 ans vont le payer jusqu'à la fin de leurs
jours en travaillant plus pour une rémunération moindre. Ce système est
absurde et nie la valeur de l'expérience.
(p.19/20)
- Avoir échoué en France, c'est être coupable. Aux États-Unis, c'est être
audacieux.
(p.21)
- Or l'expérience de l'échec est l'expérience de la vie même. Dans l'ivresse du
succès, nous avons souvent l'impression de flotter. Nous l'affirmons volontiers
: nous ne « réalisons » pas. Dans l'échec, au contraire, nous nous heurtons à
une réalité que nous ne connaissons pas, et qui nous heurte. Ce qui nous
surprend, nous saisit, et que la théorie ne peut circonscrire : n'est-ce pas là
une définition de la vie ? Plus vite nous échouons, plus tôt nous la
questionnons. C'est la condition de la réussite.
(p.22)
- Dans son ouvrage, La Formation de l'esprit scientifique, Gaston
Bachelard relit toute l'histoire de la science et montre qu'il n'est aucun
savant qui ne parvienne à une vérité sans être passé d'abord par la case erreur.
Comme dans les coups gagnants au billard français, le chemin vers la vérité ne
peut pas être direct. Nos intuitions premières sont trop naïves pour nous
dévoiler les lois de la nature. Elles montrent comment marche notre esprit, non
comment fonctionne le monde.[...] L'erreur ne permet plus simplement
d'apprendre plus vite : l'erreur rectifiée devient, pour le savant, le seul
moyen d'apprendre, le seul chemin pour découvrir la vérité.
(p.24)
- « Une très grande série de succès ne prouve aucune vérité, quand l'échec
d'une seule vérification expérimentale prouve que c'est faux », a dit
Einstein de manière lumineuse. Qu'une théorie soit vérifiée par une expérience
ne prouve pas qu'elle est vraie : l'expérience qui l'invalidera n'a peut-être
pas encore été réalisée. Qu'une théorie soit invalidée par une expérience
prouve en revanche qu'elle est fausse.
Une expérience qui invalide une théorie permet donc de progresser de façon plus
décisive dans la connaissance qu'une expérience qui réussit.
(p.26)
- Trop souvent, nous voyons l'échec comme une porte qui se ferme. Et si c'était
aussi une fenêtre qui s'ouvre ?
(p.31)
- Nos crises existentielles nous livrent le même enseignement. Une crise de
couple est souvent l'occasion de mieux comprendre ce à quoi l'un et l'autre
aspirent, sur quelles bases ils peuvent - ou pas - être heureux ensemble. Et
qu'est-ce une dépression sinon une invitation, particulièrement douloureuse, à
ouvrir une fenêtre sur ce que nous ne voulons pas voir ? C'est même
probablement la fonction de la dépression : nous forcer à nous arrêter pour
nous interroger sur nous-mêmes, sur l'écart entre notre existence et ce que
nous en attendons, sur nos dénis, nos désirs inconscients.
(p.34)
- Au fond, nos échecs sont autant de tests pour notre désir.
(p.42)
- La leçon d'humilité que nous offre l'échec est l'occasion de mesurer nos
limites, tandis que le délire narcissique ou l'illusion de toute puissance nous
éloignent de cette prise de conscience.
(p.52)
- L'échec nous offre la chance de nous rendre enfin à l'évidence : il y a bien
en face de nous quelque chose qui s'appelle le réel.
(p.60)
- Pour Marc-Aurèle, l'échec n'est ni juste ni injuste. La sagesse stoïcienne
prône l'indifférence à ces sentiments trop humains. Les forces du cosmos ne
sont ni justes ni injustes : elles sont, c'est tout. [...] Le juste et
l'injuste ne sont que des interprétations humaines. Se plaindre du réel, c'est
le fuir, se réfugier dans un jugement subjectif qui n'apporte rien.
(p.64)
- A l'origine de toutes belles réussites, on trouve une prise de risque, et donc
une acceptation de la possibilité de l'échec. Oser c'est d'abord oser l'échec.
(p.97)
- L'audace ne nous délivre pas de la peur : elle nous donne la force d'agir
malgré elle.
(p.100)
- Pour réussir à oser, il faut également ne pas être trop perfectionniste.
(p.113)
- Les sportif, le savent aussi perdre sans avoir rien tenté nous laisse un goût
amer.
(p.117)
- Il m'a fallu des années d'enseignement pour découvrir l'intérêt de valoriser la
singularité de l'élève au moment même où il échoue.
(p.120)
(Allary Editions 2016. lu chez Pocket Collection Folio N° 17253) - ISBN : 978-2-266-28542-1
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