Georges Picard (1945 - .... )

Mais dans quel monde vivez vous !


  • On ne peut pas finir une vie dans l'amertume: quoique les raisons de se révolter ne manquent pas, quel gâchis d'user ses forces à égratigner une réalité trop cuirassée pour s'émouvoir de ce chatouillement. (p.12)

  • Il n'est jamais trop tard pour réaliser que l'on tient son sort entre ses mains, même si, par un déssaisissement de routine, on en est venu à croire que notre existence dépendait surtout d'autrui.

       L'importance que l'on accorde aux autres, à la pression de leurs sentiments, à l'influence de leurs idées , est proportionnée au désir d'engager sa liberté prioritairement au profit de soi-même. En étant libre pour soi, on peut le devenir pour les autres, alors qu'en s'imposant des charges et des devoirs sociaux factices, on perd son autonomie, on reproduit l'éternelle dépendance qui plombe toute possibilité de montrer à son entourage plus que le reflet conventionnel d'un rapport de surface. C'est le semblable qu'attend l'autre, mais c'est le dissemblable qui l'enrichit. (p.13) (p.13)

  • C'est le semblable qu'attend l'autre, mais c'est le dissemblable qui l'enrichit. (p.13)

  • Sans doute faut-il préciser que l'effort pour persévérer dans son être est largement inconscient. (p.19)

  • Hors de tout mysticisme, je tiens à l'idée que la vie de chacun est une énigme et, bien sûr, d'abord pour lui-même - une énigme sans résolution possible. (p.21)

  • J'aurais assez aimé une humanité sans commerce ni banque. (p.105)

  • L'incroyable dévergondage des comportements ne relève pas, pour moi, de la morale sociale, mais de la stratégie de l'amour propre, autrement dit de la considération et du respect que l'on se porte. Du reste, ce n'est pas matière à discussion. Je ne juge pas les impudents, je les fuis. (p.149)

  • Depuis longtemps, j'ai essayé d'apprendre à m'amuser de mes ridicules. Sourire de soi est de la meilleure hygiène. C'est façon de ne pas prendre au sérieux une existence sans fondement compréhensible. (p.151)

  • La possession de biens matériels ne paraît pas constituer un objectif digne d'une vie humaine.... (p.187)

  • Du reste, l'ascétisme est un idéal que je comprends et que je respecte, mais seulement dans la mesure où il ne résulte pas d'une religion ou d'une morale, où il ne veut rien prouver, sauf le pouvoir qu'un individu peut exercer sur lui-même. (p.189)

  • Il est vrai que l'individu est un être de tensions, que la vie est une sorte d'hypertension continuelle, ce que n'admettent pas les contemplatifs qui se bercent de l'illusion de la Sérénité, le corps et l'esprit se relâchant pour atteindre un état de légèreté de d'insouciance idéal. Je suis bien incapable d'y parvenir, sauf exceptionnellement et pendant un temps très limité. (p.265/266)

    (José Corti 2007)



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dernière mise à jour : 07/08/2022 version: 15/01/2008