Marcel Proust (1871-1922)

À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann


  • Longtemps je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas la temps de me dire « Je m'endors. » (p.27)

  • L’espérance d’être soulagé lui donne du courage pour souffrir. (p.28)

  • Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes. (p.29)

  • Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. (p.43)

  • Quelqu'un qui choisissait ses fréquentations en dehors de la caste où il était né, en dehors de sa « classe » sociale, subissait à ses yeux un fâcheux déclassement. (p.45)

  • Et tout à coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce-ce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. (p.71)

  • [...]; Maman était la première personne qui lui donnât cette douce émotion de sentir que sa vie, ses bonheurs, ses chagrins de paysanne pouvaient présenter de l'intérêt, être un motif de joie ou de tristesse pour une autre qu'elle-même. (p.79)

  • Ce qui avait commencé pour elle - plus tôt seulement que cela n'arrive d'habitude - c'est ce grand renoncement de la vieillesse qui se prépare à la mort, s'enveloppe dans sa chrysalide, et qu'on peut observer, à la fin des vies qui se prolongent tard, même entre les anciens amants qui se sont plus aimés, entre les amis unis par les liens spirituels, et qui à partir d'une certaine année cessent de faire le voyage ou la sortie nécessaire pour se voir, cessent de s'écrire et savent qu'ils ne communiqueront plus en ce monde. (p.170)

  • 1l n'est peut-être pas une personne, si grande soit sa vertu, que la complexité des circonstances ne puisse amener à vivre un jour dans la familiarité du vice qu'elle condamne le plus formellement - sans qu'elle reconnaisse d'ailleurs tout à fait sous le déguisement de faits particuliers qu'il revêt pour entrer en contact avec elle et la faire souffrir : paroles bizarres, attitude inexplicable, un certain soir, de tel être qu'elle a par ailleurs tant de raisons pour aimer. (p.174)

  • Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas; ils peuvent leur infliger les plus les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne le fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin. (p.175)

  • Pour faire partie du petit « noyau », du « petit groupe », du « petit clan » des Verdurin, une condition était suffisante mais était nécessaire : il fallait adhérer tacitement à un Crédo dont un des articles était que [...] (p.217)

  • Autrefois on rêvait de posséder le cœur, de la femme de la femme dont on était amoureux ; plus tard, sentir qu'on possède le cœur d'une femme peut suffire à vous en rendre amoureux. (p.225)

  • Les intérêts de notre vie sont si multiples qu'il n'est pas rare que dans une même circonstance les jalons d'un bonheur qui n'existe pas encore soient posés à côte de l'aggravation d'un chagrin dont nous souffrons. (p.410)

    (Gallimard 1954)


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À la recherche du temps perdu. À l'ombre des jeunes filles en fleurs


  • On dira peut-être que cela tenait à ce que la simplicité de Swann élégant n'avait été chez lui qu'une forme plus raffinée de la vanité et que, comme certains israélites, l'ancien ami de mes parents avait pu présenter tour à tour les états successifs par où avaient passé ceux de sa race, depuis le snobisme le plus naïf et la plus grossière goujaterie jusqu'à la plus fine politesse. (p.12)

  • L'erreur de ma mère, comme celle de toutes les personnes qui ont trop de modestie, venait de ce qu'elle mettait les choses qui la concernaient au-dessous, et par conséquent en dehors des autres. (p.18)

  • D'abord, après avoir détesté leur cruauté, leur consentement me les rendait si chers que l'idée de leur faire de la peine m'en causait à moi-même une, à travers laquelle la vie ne m'apparaissait plus comme ayant pour but la vérité, mais la tendresse, et ne me semblait plus bonne ou mauvaise que selon que mes parents seraient heureux ou malheureux. (p.23)

  • Mon père avait pour mon genre d'intelligence un mépris suffisamment corrigé par la tendresse pour qu'au total, son sentiment sur tout ce que je faisais fût une indulgence aveugle. (p.35)

  • Ma mère, pleine de respect pour les occupations de mon père, vint demander, timidement, si elle pouvait faire servir. Elle avait peur d'interrompre une conversation où elle n'aurait pas eu à être mêlée. (p.35)

  • On plaisante beaucoup la manière dont Swann parle de sa femme, on en fait même des gorges chaudes, On me demandait certes pas que, plus au moins conscient d'être...(vous savez le mot de Molière), il allât le proclamer urbi et orbi ; n'empêche qu'on le trouve exagérée quand il dit que sa femme est une excellente épouse. Or ce n'est pas aussi faux qu'on le croit. À sa manière qui qui n'est pas celle que tous les mari préfèreraient, - mais enfin, entre nous, il me semble difficile que Swann, qui la connaissait depuis longtemps et est loin d'être un maître sot, ne sût pas à quoi s'en tenir, - il est indéniable qu'elle semble avoir de l'affection pour lui. Je ne dis pas qu'elle ne soit pas volage, et Swann lui-même ne se fait pas faute de l'être, à en croire les bonnes langues qui, vous pouvez le penser, vont leur train. Mais elle lui est reconnaissante de ce qu'il a fait pour elle, et, contrairement aux craintes éprouvés par tout le monde, elle parait devenu d'une douceur d'ange. (p.46/47)

  • Il est difficile, en effet, à chacun de nous de calculer exactement à quelle échelle ses paroles ou ses mouvements apparaissent à autrui ;[...] (p.57)

  • Théoriquement on sait que la terre tourne, mais en fait on ne s'en aperçoit pas, le sol sur lequel on marche semble ne pas bouger et on vit tranquille. Il en est ainsi du Temps dans la vie. (p.62)

  • Pour tous les évènements qui dans la vie et ses situations contrastées se rapportant à l'amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu'ils ont d'inexorable comme d'inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles. (p.80)

  • L'amant est mal placé pour connaître la nature des obstacles que la ruse de la femme lui cache et que son propre jugements faussé par l'amour l'empêche d'apprécier exactement. (p.81)

  • La seule chose qui ne change pas est qu'il semble chaque fois qu'il y ait « quelque chose qui change en France ». (p97)

  • Les gens du monde sont fort myopes ; au moment où ils cessent toutes relations avec des dames israélites qu'ils connaissaient, pendant qu'ils se demandent comment remplacer ce vide, ils aperçoivent, poussée, là comme à la faveur d'un nuit d'orage, une dame nouvelle, israélite aussi ; mais grâce à sa nouveauté, elle n'est pas associée dans leur esprit, comme les précédentes, avec ce qu'ils croient devoir détester. Elle ne demande pas qu'on respecte son Dieu. (p.100)

  • Mais le problème si intéressant [de savoir, si sa maitresse avait couché avec un rival] qu'il attendait seulement la fin de sa jalousie pour tirer au claire, avait précisément perdu tout intérêt aux yeux de Swann, quand il avait cessé d'être jaloux. (p.103)

  • Dans une langue que nous savons, nous avons substitué à l'opacité des sons la transparence des idées. Mais une langue que nous ne savons pas est un palais clos dans lequel celle que nous aimons peut nous tromper, sans que, restés au dehors et désespérément crispés dans notre impuissance, nous parvenions à rien voir, à rien empêcher. (p.162)

  • Un chagrin causé par une personne qu'on aime peut être amer, même quand il est inséré au milieu de préoccupations, d'occupations, de joies qui n'ont pas cet être pour objet et desquelles notre attention ne se détourne que de temps en temps pour revenir à lui. (p.164)

  • Nous sommes tous obligés, pour rendre la réalité supportable, d'entretenir en nous quelques folies. (p.171)

  • - Alors le docteur ne raffole pas, comme vous des fleurs ? demandait Mme Swann à Mme Cottard. - Oh ! vous savez que mon mari est un sage ; il est modéré en toutes choses. Si pourtant, il a une passion. L'œil brillant de malveillance, et de curiosité : « Laquelle Madame? » demandait Mme Bontemps. Avec simplicité, Mme Cottard répondait : « La lecture. - Oh! c'est une passion de tout repos chez un mari ! s'écriait Mme Bontemps, en étouffant un rire satanique. - Quand le docteur est dans un livre, vous savez! - Eh bien, Madame cela ne doit pas vous effrayer beaucoup...- Mais si!...pour sa vue. (p.185/186)

  • Il y a une belle-sœur d'une de mes amies, qui a le téléphone posé chez elle! Elle peut faire une commande chez un fournisseur sans sortir de son appartement! J'avoue que j'ai platement intrigué pour avoir la permission de venir un parler devant l'appareil. Cela me tente beaucoup, mais plutôt chez une amie que chez moi. Il me semble que je n'aimerais pas avoir le téléphone à domicile. Le premier amusement passé, cela doit être un vrai casse-tête. (p.186)

  • Le soldat est persuadé qu'un certain délai indéfiniment prolongeable lui sera accordé avant qu'il soit tué, le voleur, avant qu'il soit pris, les hommes en général, avant qu'ils aient à mourir. (p.187)

  • Quand on aime, l'amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle une surface qui l'arrête, le force à revenir vers son point de départ, et c'est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l'autre et qui nous charme plus qu'à l'aller, parce que nous ne reconnaissons pas qu'elle vient de nous. (p.188)

  • On dit des choses qu'on éprouve le besoin de dire et que l'autre ne comprendra pas, on ne parle que pour soi-même. (p.193)

  • On n'est pas très difficile, ni très bon juge, sur ce dont on ne se soucie point. (p.207)

  • On devient moral dès qu'on est malheureux. (p.209)

  • Mais en fait, même dans les relations les plus insignifiantes de la vie, un éclaircissement n'est sollicité par un correspondant qui sait qu'une phrase obscure, mensongère, incriminatrice, est mise à dessein pour qu'il proteste, et qui est trop heureux de sentir par là qu'il possède - et de garder - la maitrise et l'initiative des opérations. A plus forte raison en est-il de même dans des relations plus tendres, où l'amour à tant d'éloquence, l'indifférence si peut de curiosité. (p.211)

  • On n'aurait pu parler de pensée à propos de Françoise. Elle ne savait rien, dans ce sens total où ne rien savoir équivaut à ne rien comprendre, sauf les rares vérités que le cœur et capable d'atteindre directement. Le monde immense des idées n'existait pas pour elle. Mais devant la clarté de son regard, devant les lignes délicates de ce nez, de ces lèvres, devant tous ces témoignages, absents de tant d'êtres cultivés chez qui ils eussent signifié la distinction suprême, le noble détachement d'un esprit d'élite, on était troublé comme devant le regard intelligent et bon d'un chien à qui on sait pourtant que sont étrangères toutes les conceptions des hommes, et on pouvait se demander s'il n'y a pas parmi ces autres humbles frères, les paysans, des êtres supérieurs qui sont comme les hommes supérieurs du monde des simples d'esprit, ou plutôt qui, condamnés par une injuste destinée à vivre parmi les simples d'esprit, privés de lumière, mais pourtant, plus naturellement, plus essentiellement apparents aux natures d'élite que ne le sont la plupart des instruits, sont comme des membres dispersés, égarés, privés de raison, de la famille sainte, des parents, restés en enfance, des plus hautes intelligence, et auxquels - comme il apparaît dans la lueur impossible à méconnaître de leurs yeux où pourtant elle ne s'applique à rien - il n'a manqué, pour avoir du talent, que du savoir (p.231)

  • [...] l'affection pour autrui détourne des douleurs égoïstes,[...] (p.231)

  • Il n'est peut-être rien qui donne plus l'impression de la réalité de ce qui nous est extérieur que le changement de position, par rapport à nous, d'une personne même insignifiante, avant que nous l'ayons connue, et après. (p.246)

  • Je n'étais pas encore assez âgé et j'étais resté trop sensible pour avoir renoncé au désir de plaire aux êtres et de les posséder. (p.255)

  • Malheureusement pour ma tranquillité, j'étais bien loin d'être comme tous ces gens. De beaucoup d'entre eux je me souciais ; j'aurais voulu ne pas être ignoré d'un homme au front déprimé, au regard fuyant entre les œillères de ses préjugés et de son éducation, [...]. (p.262/263)

  • Pour comprendre combien une vieille femme a pu être jolie, il ne faut pas seulement regarder, mais traduire chaque trait. (p.278)

  • Le seul manque de véritable politesse qu'il y eût en elle était dans l'excès de ses politesses;[...] (p.304)

  • Quand à ce dernier ami, il éprouve le besoin de répéter ou de révéler à quelqu'un ce qui peut le plus vous contrarier, est ravi de se franchise et vous dit avec force : « Je suis comme cela. » (p.322)

  • Comme le risque de déplaire vient surtout de la difficulté d'apprécier ce qui passe ou non inaperçu, on devrait au moins, par prudence, ne jamais parlé de soi, parce que c'est un sujet où on peut être sûr que la vue des autres et la nôtre propre ne concordent jamais. (p.323) [note de YF : toute la page mériterait d'être citée en entier...]

  • [...] la plus grande des sottises, c'est de trouver ridicules ou blâmables les sentiments qu'on n'éprouve pas. (p.346)

  • On ne peut avoir de connaissance parfait, on ne peut pratiquer l'absorption complète de ce qui vous dédaigne, tant qu'on n'a pas vaincu ce demain. (p.381)

  • [...] On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses. Les vies que vous admirez, les attitudes que vous trouvez nobles m'ont pas été disposées par le père de famille ou par le précepteur, elle ont été précédées de débuts bien différents, ayant été influencées par ce qui régnait de autour d'elles de mal ou de banalité.[...] (p.441/442)

  • En entrant dans une réunion mondaine, quand on est jeune, on meurt à soi-même, on devient un homme différent, tout salon étant un nouvel univers où, subissant la loi d'une autre perspective morale, on darde son attention, comme si elles devaient nous importer à jamais, sur des personnes, des danses, des parties de cartes, que l'on aura oubliées le lendemain. (p.448)

  • Si, au lieu du malheur, c'est le bonheur, il peut arriver que ce ne soit que plusieurs années après que nous nous rappelons que le plus grand évènement de notre vie sentimentale s'est produit, sans que nous eussions le temps de lui accorder une longue attention, presque d'en prendre conscience, dans une réunion mondaine par exemple, et où nous ne nous étions rendus que dans l'attente de cet évènement. (p.449)

  • Pourtant, quelques déceptions inévitables qu'elle doive apporter, cette démarche vers ce qu'on n'a qu'entrevu, ce qu'on a eu le loisir d'imaginer, cette démarche est la seul qui soit saine pour les sens, qui y entretienne l'appétit. De quel morne ennuie est empreinte la vie des gens qui, par paresse ou timidité, se rendent directement en voiture chez des amis qu'ils ont connus sans avoir d'abord rêvé d'eux, sans jamais oser sur le parcours s'arrêter auprès ce de qu'ils désirent ! (p451/451)

  • [...] La marche de la pensée dans le travail solitaire de la création artistique se fait dans le sens de la profondeur, la seule direction qui ne nous soit pas fermée, où nous puissions progresser, avec plus de peine il est vrai, pour un résultat de vérité. (p.483)

  • [...] Nous ne sommes pas comme des bâtiments à qui on peut ajouter des pierres du dehors, mais qui comme des arbres qui tirent de leur propre sève le nœud suivant de leur tige, l'étage supérieur de leur frondaison. (p.483)

  • Aimer aide à discerner, à différencier. (p.484)

  • De même, nos intonation contiennent notre philosophie de la vie, ce que la personnes se dit à ce moment sur la vie. (p.485)

  • Pour souffrir vraiment par une femme, il faut avoir cru complètement en elle. (p.517)

  • Et c'est en somme une façon comme une autre de résoudre le problème de l'existence, qu'approcher suffisamment les choses et les personnes qui nous ont paru de loin belles et mystérieuses, pour nous rendre compte qu'elles sont sans mystère et sans beauté ; c'est une des hygiènes entre lesquelles on peut opter, une hygiène qui n'est peut-être pas recommandable, mais elle nous donne un certain calme pour passer la vie, et aussi - comme elle permet de ne rien regretter, en nous persuadant que nous avons atteint le meilleur, et que le meilleur n'était pas grand ‘chose - pour nous résigner à mourir. (p.523)

    (Gallimard 1954)


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À la recherche du temps perdu. Le côté de Guermantes

( Volume 1/2)


  • Ne croyez pas que je ne vous comprenne pas, moi je ne ressens pas la même chose, mais je me mets bien à votre place. (p.76)

  • On a dit que le silence est une force ; dans un tout autre sens, il en est une terrible à la disposition de ceux qui sont aimés. Elle accroît l'anxiété de qui attend. Rien n'invite tant à s'approcher d'un être que ce qui en sépare, et quelle plus infranchissable barrière que le silence ? On a dit aussi que le silence était un supplice, et capable de rendre fou celui qui y était astreint dans les prisons. Mais quel supplice - que de garder le silence - de l'endurer de ce qu'on aime ! (p.126)

  • [...] la croyance qu'on pourra revenir vivant d'un combat aide à affronter la mort. (p.127)

  • Nous travaillons à tout moment à donner sa forme à notre vie, mais en copiant malgré nous comme un dessin les traits de la personne que nous sommes et celle qu'il nous serait agréable d'être. (p.192)

  • Pour une affection que les médecins guérissent avec des médicaments (on assure, du moins, que cela est arrivé quelquefois), ils en produisent dix chez des sujets bien portants, en leur inoculent cet agent pathogène, plus virulent que tous les microbes, l'idée qu'on est malade. Une telle croyance, puissante sur le tempérament de tous, agit avec une efficacité particulière chez les nerveux. (p.307)

  • Il triomphait de ne pas avoir la manie des autres, sans penser qu'il avait aussi la sienne et que c'était elle qui le préservait des autres. (p.309)

  • Supportez d'être appelée une nerveuse. Vous appartenez à cette famille magnifique et lamentable qui est le sel de la terre. Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux. Ce sont eux qui ont fondé les religions et composé les chefs-d'œuvre. Jamais le monde ne saura tout ce qu'il leur doit et surtout ce qu'eux ont souffert pour le lui donner. Nous goûtons les fines musiques, les beaux tableaux, milles délicatesses, mais nous ne savons pas ce qu'elles ont coûté à ceux qui les inventèrent d'insomnies, de pleurs, de rires spasmodiques, d'urticaires, d'asthmes, d'épilepsies, d'une angoisse de mourir qui est que tout cela, et que vous connaissez peut-être, [...] (p.309/310)

  • Il n'y a de bonnes confessions que réciproque. (p.310)

  • Dans la pathologie nerveuse, un médecin qui ne dit pas trop de bêtises, c'est un malade à demi guéri, comme un critique est un poète qui ne fait plus de vers, un policier un voleur qui n'exerce plus. (p.310)

  • Ne me dites pas que vous êtes fatiguée. La fatigue est la réalisation organique d'une idée préconçue. Commencez par ne pas la penser. Et si jamais vous avez une petite indisposition, ce qui peut arriver à tout le monde, ce sera comme si vous ne l'aviez pas, car elle aura fait de vous, selon un mot profond de M. de Talleyrand, un bien portant imaginaire. (p.311)

  • Dans une guerre celui qui n'aime pas son pays n'en dit pas de mal, mais le crois perdu, le plaint, voit les choses perdues. (p.329)

  • Pour une grande part, la souffrance est une sorte de besoin de l'organisme de prendre conscience d'un état nouveau qui l'inquiète, de rendre la sensibilité adéquate à cet état. (p.331)

  • Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d'essayage. (p.343)

  • Les gens du monde ont tellement l'habitude qu'on les recherche que qui les fuit leur semble un phénix et accapare leur attention. (p.386)

    (Gallimard 1954)


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À la recherche du temps perdu. Le côté de Guermantes (2/2))

( Volume 2/2)


  • Ce que je pense de l'amitié : à savoir qu'elle est si peu de chose que j'ai peine à comprendre que des hommes de quelque génie, et par exemple Nietzsche, aient eu la naïveté de lui attribuer une certaine valeur intellectuelle et en conséquence de se refuser à des amitiés auxquelles l'estime intellectuelle n'eut pas été liée. (p.20)

  • La jeunesse une fois passée, il est rare qu'on reste confiné dans l'insolence. (p.29)

  • Ils déplaisaient - les Juifs principalement, les Juifs non assimilés bien entendu, il ne saurait être question des autres - aux personnes qui ne peuvent souffrir un aspect étrange, loufoque. (p.33/34)

  • Ils nous font toujours croire qu'ils veulent la guerre pour nous forcer à céder. (p.37)

  • [...] je sais qu'il est souvent difficile de ne pas avoir un peu de malice quand on n'a pas beaucoup d'esprit... (p.107)

    (Gallimard 1954)


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À la recherche du temps perdu. Sodome et Gomorrhe


  • Une erreur dissipée nous donne un sens de plus. (p.237)

    (Gallimard 1954)


Voir sur wikipedia :
Liste des lieux d'À la recherche du temps perdu
Chronologie des événements d'À la recherche du temps perdu
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dernière mise à jour : 17/07/2022 version: 08/01/2022