- La race humaine a tort de se plaindre de sa nature, sous prétexte que, faible et d'une
courte durée, elle est régie par le hasard plutôt que par la vertu. Au contraire, en
réfléchissant bien, on ne saurait trouver rien de plus grand, de plus éminent, et on
reconnaîtrait que ce qui manque à la nature humaine, c'est bien plutôt l'activité que
la force ou le temps. La vie des mortels est guidée et dominée par l'âme. Que l'on
marche à la gloire par le chemin de la vertu, et l'on aura assez de force, de pouvoir
de réputation; on n'aura pas besoin de la Fortune, qui ne peut ni donner ni enlever
à personne la probité, l'activité et les autres vertus. Si au contraire, séduit par
les mauvais désirs, on se laisse aller à l'inertie et aux passions charnelles, on
s'abandonne quelques instants à ces pernicieuses pratiques, puis on laisse se
dissiper dans l'apathie ses forces, son temps, son esprit; alors on s'en prend à la
faiblesse de sa nature, et on attribue aux circonstances les fautes dont on est soi-même
coupable. Si l'on avait autant de souci du bien que de zèle pour atteindre ce qui
nous est étranger, inutile, souvent même nuisible, on ne se laisserait pas conduire
par le hasard; on le conduirait et on atteindrait une grandeur telle que, loin de
mourir, on obtiendrait une gloire immortelle.
(p.81)
- Car dans tout combat, le plus puissant, même s'il est l'offensé, semble, parce qu'il
peut davantage, être l'agresseur.
(p.87)
- ..rien de plus facile que de commencer une guerre, rien de plus pénible que d'y
mettre fin;...
(p.146)
(Editions Garnier Flammarion.1968 traduction François Richard)
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