Baruch Spinoza (1632-1677)

L'Ethique

    Titres des chapitres
        I   - De Dieu
       II  - De la nature et de l'origine de l'âme
      III  - De l'origine et de la nature des affections
                    Définitions générales des affections
       IV - De la servitude de l'homme ou des forces des affections
       V  - De la puissance de l'homme ou de la liberté de l'homme

  • J'entends par Dieu un être absolument infini, c'est à dire une substance constitutée par une infinité d'attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie. (I,Définitions VI, page 21)

  • Tout ce qui est, est en Dieu et rien ne peut sans Dieu être ni être conçu. (I, proposition XV, page 35)

  • L'existence de Dieu et son essence sont une seule et même chose. (I, proposition XX, page 45)

  • La puissance de Dieu est son essence même. (I, proposition XXXIV, page 48)

  • ...certes les affaires des hommes seraient en bien meilleur point s'il étaient également au pouvoir des hommes tant de se taire que de parler, mais, l'expérience l'a montré surabondamment, rien n'est moins au pouvoir des hommes que de tenir leur langue, et il n'est rien qu'ils puissent moins faire que de gouverner leur appétits; (III, proposition II, scolie, page 139)

  • ...les hommes se croient libres pour cette seule cause qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés;... (III, proposition II, scolie, page 139)

  • Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être. (III, proposition VI, page 142)

  • ...nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, la voulons, appétons et désirons. (III, proposition IX, scolie, page 145)

  • L'Amour, dis-je, n'est autre chose qu'une Joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure, et la Haine n'est autre chose qu'une Tristesse qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure. (III, proposition XIII, scolie, page 148)

  • ...il apparaît donc que les hommes sont beaucoup plus disposés à la Vengeance qu'à rendre des bienfaits. (III, proposition XLI, scolie, page 176)

  • ...nous sommes disposés de nature à croire facilement ce que nous espérons, difficilement ce dont nous avons peur, et à en faire respectivement trop ou trop peu de cas. De là sont nées les superstitions par lesquelles les hommes sont partout dominés. (III, proposition L, scolie, page 182)

  • ...cet Etre éternel et infini que nous appelons Dieu ou la Nature, agit avec la même nécessité qu'il existe. [...] Donc la raison, ou la cause, pourquoi Dieu, ou la Nature, agit et pourquoi il existe, est une et toujours la même. N'existant pour aucune fin, il n'agit donc aussi pour aucune; et comme son existence, son action n'a ni principe, ni fin. [Note YF: toute cette préface est à lire avec attention] (IV, préface, page 218)

  • Ceux qui se donnent la mort, ont l'âme frappée d'impuissance et sont entièrement vaincus par les causes extérieures en opposition avec leur nature. (IV, proposition XVIII, scolie page 236/237)

  • De plus dans l'état naturel, nul n'est, du consentement commun, seigneur d'aucune chose, et il n'y a rien dans la Nature qui puisse être dit la chose de l'un ou de l'autre; mais tout appartient à tous; par suite, dans l'état naturel, on ne peut concevoir de volonté d'attribuer à chacun le sien, d'enlever à quelqu'un ce qui est à lui; c'est à dire dans l'état naturel il n'y a rien qui puisse être dit juste ou injuste; mais bien dans l'état civil ou du consentement commun il est décrété qu'elle chose est à l'un, quelle à l'autre. (IC, proposition XXXVII, scolie II, page 256)

  • Seule assurément une farouche et triste supercherie interdit de prendre des plaisirs.[...] Il est don d'un homme sage d'user des choses et d'y prendre plaisir autant qu'on le peut (sans aller jusqu'au dégoût, ce qui n'est plus prendre plaisir. (IV,proposition XLV, scolie, page 263)

  • La foule est terrible quand elle est sans crainte;.. (IV,proposition LIV, scolie page 271)

  • Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. (IV,proposition LXVII, page 285)

  • Quand même nous ne saurions pas que notre Ame est éternelle, la Moralité et la Religion et, absolument parlant, tout ce que nous avons montré dans la quatrième partie qui se rapporte à la Fermeté d'Ame et à la Générosité, ne laisserait pas d'être pour nous la première des choses. (V,proposition XLI, page 339)

  • ...Si la voie que j'ai montré qui y conduit, paraît être extrêmement ardue, encore y peut-on entrer. Et cela certes doit être ardu qui est trouvé si rarement. Comment serait-il possible, si le salut était sous la main et si l'on pouvait parvenir sans grand-peine, qu'il fut négligé par presque tous ? Mais tout ce qui est beau est difficile autant que rare.
    [Note YF: il s'agit des dernières phrases de l'Ethique] (V,proposition XLII, page 342)

    (Garnier Flammarion. 1965. Traduction Charles Appuhn)


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Traité Théologico-Politique


  • La Prophétie est donc inférieure à cet égard à la connaissance naturelle qui n'a besoin d'aucun signe, mais enveloppe de sa nature la certitude. (p.50)

  • Que nous disions donc que tout se fait suivant les lois de la Nature ou s'ordonne par le décret ou le gouvernement de Dieu, cela revient au même. (p.71)

  • Tout ce qui est contraire à la Nature est en effet contraire à la Raison; et ce qui est contraire à la Raison est absurde et doit en conséquence être rejeté. (p.128)

  • ...et nous voyons que presque tous substituent à la parole de Dieu leurs propres inventions et s'appliquent uniquement sous le couvert de la religion à obliger les autres à penser comme eux. (p.137)

    (Garnier Flammarion. 1965 Traduction Charles Appuhn)


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Traité Politique


  • Les hommes sont en effet faits de telle sorte qu'ils ne puissent vivre sans une loi commune. (Chapitre 1, §3, page 12)

  • J'ai aussi considéré les affections humaines telles que l'amour,la haine, la colère, l'envie, la superbe,la pitié et les autres mouvements de l'âme, non comme des vices mais comme des propriétés de la nature humaine : [..] (Chapitre 1, §4, page 12)

  • [...] la voie qu'enseigne la raison est très difficile; ceux qui par suite se persuadent qu'il est possible d'amener la multitude ou les hommes occupés des affaires publiques à vivre selon les préceptes de la raison, rêvent de l'âge d'or des poètes, c'est-à-dire se complaisent dans la fiction. (Chapitre 1, $5, page 13)

  • Un Etat dont le salut dépend de la loyauté de quelques personnes, et dont les affaires, pour être bien dirigées, exigent que ceux qui les mènent veuillent agir loyalement, n'aura aucune stabilité [...] Et peu importe à la sécurité de l'Etat quel motif intérieur ont les hommes de bien administrer les affaires, pourvu qu'en fait ils les administrent bien: la liberté de l'âme en effet, c'est-à-dire le courage, est une vertu privée, la vertu nécessaire à l'Etat est la sécurité. [note : Je surligne] (Chapitre 1, $6, page 13/14)

  • ...le droit de la guerre appartient à chaque Cité, et qu'au contraire, pour fixer le droit de la paix, il faut au moins deux Cités qui seront dites liées par un traité ou confédérées. (Chapitre 3, §13, page 31)

  • C'est aux esclaves, non aux hommes libres qu'on donne des récompenses pour leur bonne conduite. (Chapitre 10, §8, page 109)

    (Garnier Flammarion. 1966 Traduction Charles Appuhn)


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Lettres


  • Pour ce qui est de l'âme humaine, je crois aussi qu'elle est une partie de la nature: je crois en effet qu'il y a dans la nature une puissance infinie de penser et que cette puissance contient objectivement, dans son infinité la nature tout entière, les pensées particulières qu'elle forme s'enchaînant en même manière que les parties de la nature qui est l'objet dont elle est l'idée.
    ...
    l'âme humaine est ainsi conçue par moi comme une partie de l'entendement infini. (lettre XXXII, p.237-238)

  • Si les philosophes veulent appeler spectres ce que nous ignorons, je n'en nierai pas l'existence, car il y a une infinité de choses que j'ignore. (lettre LII, p.286)

  • Les hommes méchants ne sont pas moins à craindre ni moins pernicieux quand il sont méchants nécessairement. (lettre LVIII, p.306)

    (Garnier Flammarion. 1966 Traduction Charles Appuhn)


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dernière mise à jour : 15/08/2000 version: YF-11/2000